Comme des sangsues accrochées à son dos, nous exploitons la Terre sans pitié en puisant sans nous lasser toutes les ressources qu’elle nous offre. À la seule différence que les sangsues, elles, peuvent se rassasier, nous autres humains, non ! Pour manger, survivre et au nom de la technologie et du progrès, nous drainons la planète de son sang comme si notre but ultime était de la dessécher complètement. Il faut vivre et progresser, oui, et ces ressources existent pour être exploitées, oui, mais comment, et jusqu’où ? Pauvreté, ignorance, manque d’infrastructures, d’information et de formation sont sans doute les principaux facteurs aggravant cette situation dont les victimes au bout du compte ne seront pas notre hôte généreux et patient qui, les flancs ouverts, se laisse écorcher, ponctionner, charcuter. Les victimes, ce seront nous, la race humaine. La Terre elle, saura se protéger. Elle nous l’a prouvé. Quand il le faut, elle se déchaîne, change l’ordre des choses, brouille les pistes, inonde et détruit à son tour. Nous n’arriverons pas à détruire la Terre. Ce projet (si tel est le nôtre) est bien prétentieux. Par notre action dévastatrice, c’est nous-mêmes que nous détruisons.

Si les solutions mondiales sont plus compliquées, l’argent et les intérêts politiques entravant souvent les actions réparatrices les plus simples, les solutions communautaires ou individuelles sont bien plus accessibles. Encore une fois, Village Santé met sur le tapis ce concept qui nous sauvera pourvu que nous le voulions: la responsabilité. Par nos gestes de tous les jours et aussi en partageant nos connaissances avec notre communauté (maison, famille, boulot), nous sommes une grande part de la solution. Préserver les ressources d’eau, planter des arbres tant que nous pouvons, utiliser le plus possible du matériel biodégradable, consommer local et naturel, éduquer notre entourage et ceux qui évoluent sous notre responsabilité, proposer dans nos projets des alternatives à la coupe des arbres, ne pas acheter de charbon, donner des emplois, respecter les normes de construction élémentaires, prioriser le matériel réutilisable au jetable, recycler ce qui est recyclable, économiser l’énergie, faire du carpooling… Et non, si l’ignorance l’est forcément, la misère n’est pas une raison pour nous exonérer du souci de l’environnement, parce qu’en ne protégeant pas notre Terre, nous augmentons la misère du pays.

Si petite qu’elle soit, notre action individuelle multipliée par 10 millions nous donnerait un pays vert et plein de ressources. Les catastrophes naturelles seraient souvent moins destructrices, et nous serions plus en santé, dans un environnement nettement moins pollué… Vous me direz que c’est un beau rêve dont la réalisation passe par l’éducation de tout un peuple. Mais qu’est- ce qui nous empêche de commencer, chez nous, là, aujourd’hui ? Arrêtons d’être le problème. Faisons partie de la solution

Christina Guérin

Directrice de Rédaction