Du mannequin faisant reluquer passants et conducteurs au pouchon au corps d’Ephèbe donnant envie d’éponger son six-packs aguicheur, le marketing ne lésine pas sur les détails pour vanter les propriétés et pouvoirs des boissons énergisantes…

Ces boissons énergisantes nous sont présentées comme naturelles et bonnes pour la santé. Les fabricants soutiennent qu’elles permettraient de stimuler le cerveau et le corps, de rehausser la vigilance intellectuelle, de combattre la fatigue et même d’améliorer l’endurance physique. Une vraie potion magique, quoi ! (Ce procédé en marketing s’appelle « argument de vente »).  On les consomme aussi pour améliorer les performances sexuelles (je baptise ce procédé « argument du ventre »).

Qu’est-ce que qu’une boisson énergisante ?

Une boisson énergisante est une boisson conçue dans l’objectif de donner un regain d’énergie à son consommateur grâce au mélange de différents ingrédients stimulants. Effectivement, certaines d’entre elles contiennent pour la plupart des extraits de plantes naturelles telles que du ginseng, du ginkgo bilboa et du guarana. Toutefois, les grains de guarana contiennent deux fois plus de caféine que le café, et c’est pour cette raison qu’il peut être dangereux d’en consommer en trop grande quantité. De plus, combinés, ces extraits de plantes naturelles décuplent les effets de la caféine.

Ces boissons sont composées des vitamines du complexe B, de plantes, d’édulcorants et d’autres éléments qui font qu’elles sont vantées comme produits pouvant améliorer le niveau d’énergie et de vivacité des fonctions cognitives et la concentration. Ces éléments qui prétendent à cet effet sont le ginseng, la caféine, la taurine et le glucuronolactone.

 

Voyons un peu la composition et les réelles propriétés de ces fameux éléments, prétendus facteurs de puissance et d’endurance.

 

Le ginseng. Plante médicinale qui agit sur les fonctions cognitives, il augmenterait la vitalité et aiderait à la concentration et au travail physique. Aux vertus tonifiantes, il permettrait de renforcer le système immunitaire et de rehausser le niveau d’énergie.

La caféine. C’est la substance psychostimulante la plus consommée. Elle agit sur les neurotransmetteurs du système nerveux central, ce qui provoque une action stimulante sur l’organisme. Elle combat la fatigue et améliore les performances cognitives à court terme. Dans les boissons énergisantes, la caféine peut être ajoutée sous forme de guarana, dont la principale substance active est la caféine.

En quantité importante, elle agit à titre de puissant excitant. On retrouve de 50 à 145 mg par portion de 250 ml, soit la quantité que contient un café expresso. Une consommation trop importante de caféine peut augmenter la tension artérielle et entraîner des palpitations, des tremblements et de l’irritabilité (le taux dans les boissons énergisantes est 4 à 5 fois supérieur à celui des sodas habituellement consommés).

La taurine. C’est un acide aminé  fabriqué par le corps humain et principalement situé dans le foie,  dans la bile. Elle intervient donc dans le processus de digestion, mais aussi au niveau du cœur et dans certaines fonctions musculaires en améliorant l’élimination de certaines substances indésirables produites lors de l’effort. C’est une molécule organique nécessaire et indispensable pour fabriquer les protéines. Elle entre également dans la composition de compléments alimentaires, destinés notamment aux sportifs, afin de faciliter la récupération après un effort intense.

Ces dernières années, la taurine a attiré l’attention car elle est utilisée dans la composition de boissons énergisantes à de fortes concentrations. Une canette d’une marque célèbre apporte 1000 mg de taurine, soit 5 fois plus que l’apport alimentaire classique (200 mg). En trop grande dose, la taurine est responsable d’effets secondaires tels que l’hyperactivité et engendre des anomalies du comportement comme des crises psychotiques. De plus, elle pourrait perturber le fonctionnement de la glande thyroïde, et les effets stimulants ou énergisants qui lui sont souvent attribués n’ont jamais été prouvés par aucune étude fiable.

Le glucuronolactone. Produit naturellement à partir du glucose dans le foie, ce dérivé du sucre participe au processus de détoxication qui aide à éliminer les déchets de l’organisme. Comme la caféine, il combat la fatigue et apporte une sensation de bien-être.  Mais on le retrouve à 7 à 9 cuillères à thé de sucre par canette de 250 ml, soit 110 à 140 calories ; et le taux important de cet ingrédient dans ces boissons est inquiétant, à haute dose, il pourrait être toxique pour les reins.

Une canette d’une des plus populaires marques de boisson énergisante de 250 ml en contient 600 mg alors que l’apport naturel est de 1 à 2 mg par jour.

Conséquences des mélanges et risques pour la santé

Les boissons énergisantes traînent derrière elles leur lot d’effets secondaires, parmi lesquels : hypertension artérielle, tachycardie (troubles du rythme cardiaque), convulsions, troubles du comportement et de l’humeur (conduite agressive, violence, irritabilité, hallucinations, confusion, agitation), troubles du sommeil, diabète. Les dangers pour la santé sont donc bien présents.

Ces mélanges comportent des risques particuliers. En effet, il semblerait que les effets stimulants des boissons énergisantes masqueraient ceux de l’alcool et affaibliraient les facultés du consommateur. En Haïti, en plus de l’association dangereuse des boissons énergisantes et de l’alcool, on compose un mélange comportant davantage de risques pour la santé : la fameuse mixture d’épices, de feuilles et d’écorces, soi-disant aphrodisiaques. En guise de l’effet phallocratique recherché, le consommateur  risque plutôt de se retrouver avec… une bandelette qui servira à amarrer ses orteils et sa mâchoire de défunt…

Au même titre que les drogues, l’alcool et la cigarette, la caféine contenue dans les boissons de ce type entraîne une dépendance. L’arrêt de consommation de ces boissons comporte des effets secondaires tels que maux de tête, irritabilité, nervosité, anxiété et somnolence.

La grande question 

Boire ou ne pas boire de boissons énergisantes ? Qui devrait s’abstenir ? Leur consommation n’est pas sans danger, et si on ne peut pas s’en passer, il faut se rappeler la consigne “à consommer avec modération”, et surtout les éviter en association avec l’alcool et les tranpé aux pouvoirs virilisants ou lors d’une activité sportive (des boissons énergétiques adaptées existent).

Les boissons énergisantes devraient être consommées uniquement de façon modérée, sur une base occasionnelle et par des adultes en bonne santé, n’ayant pas de conditions médicales particulières. Formellement interdites aux femmes enceintes, aux enfants, ainsi qu’à toute personne souffrant de troubles anxieux, de troubles de déficit de  l’attention, d’hyperactivité, de troubles gastriques et de problèmes cardiovasculaires.

Le grand mensonge

Jusqu’à cette date, il n’y a pas d’étude capable de prouver les effets “boostant” sur les performances sportives, principal argument marketing des marques concernées ou sur les performances sexuelles. Si l’on en croit les vertus vantées, les boissons énergisantes permettraient de stimuler l’organisme, d’améliorer les performances et l’endurance. Ces allégations sont fausses. Au contraire, l’athlète (sur le terrain ou au lit), plutôt que de se sentir en contrôle de sa performance, se retrouve dans un état de grande fébrilité et de surexcitation.

Cette recherche du dépassement de ses limites, cette notion de prise de risque, sont entretenues par le marketing utilisant des images de sports « dangereux », extrêmes, de sensualité, exposant des comportements à risque, des situations de stress. Les boissons énergisantes s’inscrivent dans une recherche de stimulation, pour vaincre une difficulté et atteindre un objectif défini. Cette stimulation est artificielle.
Malheureusement, les plus gros sponsors des événements sportifs sont les producteurs des dites boissons. Le marketing qu’ils réalisent, en plus du silence (complicité ou lobby ?) d’une  quelconque instance sanitaire sur la question rendent plus difficile encore une prise de conscience des consommateurs.