Sispann fimen nan figi moun !

« Gade yon peyi ! Woy, woy, gade yon peyi m fè sa m pito ! » Je vous avoue que ce refrain de ma jeunesse me vient souvent en tête depuis quelque temps. Plus je « grandis en âge », moins je tolère ce « m fè sa m pito » national, qui fait par exemple que n’importe qui a accès à un microphone pour inciter ouvertement à la violence à la radio, sans être dérangé ; qui fait que le passager de la voiture d’à côté peut « balancer » par la fenêtre la bouteille d’eau qu’il vient de vider sans encourir une amende. Avec les années qui passent, je me rends compte de la valeur d’une bonne santé, et je suis révoltée quand je me trouve dans un espace public où une voire plusieurs personnes fument en présence des autres, sans se gêner.
Qui ne connaît pas ces stressés ou ces fêtards qui aspirent, inhalent, expirent cette affreuse fumée bleuâtre et toxique tout en laissant brûler cigarette sur cigarette dans un cendrier, histoire d’en avoir toujours une sous la main. Je les appelle volontiers des sans-gêne. Mais ce qui me trouble c’est que les restaurants et lieux publics chez nous leur permettent ces indélicatesses, pis, ils les encouragent. Appât du gain ? Au détriment des autres clients qui eux ont eu la mauvaise idée de n’être pas des fumeurs ?
Je suis souvent rentrée chez moi après une fête avec les cheveux et les vêtements puant la cigarette, sans même me rappeler d’où cela venait. Je m’imagine à ces moments-là avec inquiétude qu’il n’y a sûrement pas que mes cheveux ou mes vêtements à avoir gardé cette fumée. Mes poumons aussi doivent en être imprégnés, tout comme les muqueuses de ma gorge et de mon nez… En effet, la nicotine, par l’irritation chronique de la muqueuse nasale, lui fait perdre sa capacité d’éliminer le mucus sécrété, ce qui provoque un gonflement de la muqueuse et une hypersécrétion réactionnelle (l’écoulement nasal). Cette transformation progressive de la muqueuse induira des effets secondaires invalidants au niveau nasal.
Ce n’est pas pour faire joli que dans des pays dits civilisés ON NE FUME PLUS DANS LES LIEUX PUBLICS. C’est parce que la fumée, qu’elle soit inhalée par le fumeur volontaire ou par le fumeur passif, tue. Parce que les milliers de toxines contenues dans la fumée des cigarettes (monoxyde de carbone, ammoniaque, hydrocarbures, benzopyrènes, anthracènes, etc.) sont néfastes pour notre santé et peuvent causer des maladies graves comme les cancers du poumon, des voies aérodigestives supérieures, de l’œsophage, de la vessie, du pancréas pour les plus courants ; les maladies cardio-vasculaires et les maladies respiratoires chroniques ; ceci même si on n’a jamais touché à une cigarette de sa vie.
Je ne m’attends pas à ce qu’une loi soit passée chez nous sur ce sujet… il y en aurait tant d’autres touchants des thèmes profonds de droits humains à faire passer avant… Je me suis habituée à ne pas attendre l’État comme on aime si bien le faire chez nous. J’agis. Pour mon bien, et celui des gens que j’aime et que je respecte.
Chez moi, on ne fume pas. À mon bureau non plus. Je ne fréquente plus les lieux où l’on peut fumer à l’intérieur. Et quand quelqu’un est assez mal poli pour prendre une cigarette en ma présence sans me demander la permission, je me déplace ou, selon les circonstances, je lui demande de se déplacer.
Vous connaissez sans doute cette célèbre maxime, « la liberté des uns finit là où commence celle des autres. » Eh bien, j’en suis une adepte. Non, vous n’êtes pas libres de fumer à côté de moi, me forçant à inhaler cette fameuse fumée secondaire encore plus toxique que les autres. Parfois, c’est en allumant leur briquet, cigarette déjà bien calée entre les lèvres, que certains demandent « ça ne te dérange pas ? », tout comme on demande « Ça va ?» sans attendre à ce que quelqu’un réponde NON. C’est toujours avec plaisir que je regarde leur visage déconcerté quand je réponds : « OUI, ÇA ME DÉRANGE ! »
Fumeurs passifs, révoltez-vous ! Personne n’a le droit de vous imposer la fumée de sa cigarette. Le faire c’est un peu comme si un voisin venait jeter des déchets toxiques porteurs de toutes sortes de maladies dans votre cour ? L’auriez-vous laissé faire ?
Et vous, fumeurs… SISPANN FIMEN NAN FIGI MOUN ! Votre suicide lent et volontaire est affaire qui vous concerne. Qui suis-je pour vous juger ? Personne n’est parfait. J’ai même fait « 2 rale », moi aussi, à un certain moment de ma vie. Nous ne pouvons, à Village Santé, que vous mettre en garde contre les effets toxiques de ce que vous inhalez tous les jours. Ah, mais non… nous pouvons aussi vous dire : « Nous, nous ne voulons pas dans nos poumons de votre fumée malodorante et toxique !!! »
Christina Guérin
Village Santé