Pensons sérieusement aux jeunes!

On pourrait croire qu’en Haïti on pense trop aux jeunes. Ils trouvent l’attention de tous, ils sont cités dans tous les discours, font l’objet de nombreuses campagnes/projets, alimentent les échanges dans les conférences-débats, et sont au centre de toutes les « analyses ». Les « leaders d’opinion » en font une source inépuisable pour occuper leur temps d’antenne. Pour les politiciens, c’est leur garantie électorale.

Si vrai qu’à force de penser aux jeunes, tout le monde pense « en jeune » dans ce pays ; tous se réclament de la jeunesse.

Mais qu’en est-il en réalité ?

Pour cette partie de la population, les options sont minces et extrêmement limitées. Les activités récréatives qui concourent au développement optimal des capacités du jeune n’existent pas. Entre sortir pour aller au bar avec des amis, trouver des prétextes pour faire la fête (si on a les moyens), et, évidemment, se déverser sur les réseaux sociaux, il doit choisir. Presque aucun centre de loisirs ni de programme d’encadrement intégral visant à promouvoir le talent, à développer les aptitudes sportives, artistiques, etc. Rien.

En dépit de ses « grandes visions » pour la jeunesse, l’État ne dispose que de 3 millions de gourdes comme « fonds d’investissement pour les activités de sports, loisirs et d’éducation civique ». Comment pouvons-nous donc nous étonner du taux de déperdition scolaire, de délinquance juvénile, nous plaindre de l’abus d’alcool et de drogues de toutes sortes par nos jeunes? Avant de tenter toute critique de la jeunesse haïtienne, il nous faut d’abord penser à ce que la société lui offre comme possibilités. Et de nous rappeler que l’épanouissement psychologique et physiologique des jeunes passe aussi et surtout à travers des loisirs sains.