H Pylori Ce que nous fait cette bactérie

Elles sont légion, les bactéries qui sont logées dans le corps de l’homme et qui, pour beaucoup d’entre elles, peuvent nuire à sa santé. En effet, on dénombre dans le corps humain environ 40 000 milliards de bactéries provenant de plus de 500 espèces différentes. Parmi ces milliards de bactéries qui colonisent notre corps, certaines parties plus que d’autres, on retrouve l’Helicobacter Pylori. Communément appelée H Pylori, cette bactérie est responsable de nombreux malaises. Pour vous entretenir sur le sujet, Village Santé a rencontré un infectiologue, le Dr Jude Jean-Jacques, qui s’est fait un plaisir de répondre à nos questions.
Village Santé : C’est quoi l’Helicobacter Pylori ?
Dr Jude Jean-Jacques : Isolé en 1982 chez l’homme sous le nom de Campylobacter Pylori, l’Helicobacter pylori est une bactérie courbe très mobile qui fait partie de la famille des Helicobacter, bactéries présentes dans le tube digestif. Cette bactérie est responsable d’une infection chronique de l’estomac, touchant la moitié de la population mondiale.
V.S : Où le retrouve-t-on chez l’homme et qu’est-ce qu’il cause ? (Reflux acides ? Douleurs gastro-œsophagiennes ?
JJJ : Chez l’homme l’Helicobacter Pylori se retrouve au niveau du tube digestif. Elle provoque une inflammation, appelée gastrite chronique, qui évolue généralement sans manifestation particulière mais qui persiste tant que la bactérie est présente, et parfois toute la vie.
Par la suite des lésions gastriques liées à l’infection à Helicobacter pylori, telles que des ulcères ou un cancer gastrique, peuvent parfois se développer. Ces lésions se constituent sur plusieurs années et évoluent lentement : il peut s’écouler parfois plus de trente ans avant que des symptômes n’apparaissent !
V.S : Comment parvient-il à l’estomac et de quoi se nourrit-il ?
JJJ : Il existe 2 modes de transmission : la transmission orale et la transmission fécale.
- La transmission de la bactérie se fait essentiellement par une transmission directe de personne à personne : oro-orale, et surtout gastro-orale. C’est à dire que la contamination se fait par un contact direct avec la salive infectéepar des régurgitations ou lors des vomissements.
- La transmission par les selles, suite à un contact par l’intermédiaire des mains ou encore à cause de l’eau et d’aliments contaminés, est plus rare et se rencontre plutôt dans les pays en voie de développement où l’hygiène est déficiente.
Pour sa survie dans l’estomac, la bactérie sécrète une enzyme : l’uréase, qui neutralise l’acidité gastrique. La bactérie peut alors survivre et proliférer dans le mucus au niveau de la paroi.
V.S : Quelles sont les conséquences de sa présence prolongée sur notre organisme ?
JJJ : Les conséquences de la présence prolongée de H. Pylori dans l’organisme sont tout d’abord une inflammation chronique de l’estomac (gastrite chronique), les ulcères gastriques et le cancer gastrique.
V.S : A quels symptômes peut-on reconnaître sa présence dans l’estomac ?
JJJ : Toutes les personnes dont l’estomac a été colonisé par Helicobacter pylori ne sont pas forcément malades et ne présentent pas nécessairement de symptômes.
Les symptômes dépendent de la maladie causée par H. Pylori. Les symptômes rencontrés sont : douleurs épigastriques chroniques à type de crampes, vomissements, nausées, perte d’appétit et donc, sensation de faiblesse.
V.S : Quels sont les produits ou aliments qui exacerbent ses conséquences sur notre organisme ?
JJJ : Les principaux produits ou aliments qui peuvent exacerber les symptômes sont les aliments riches en graisses, les aliments et breuvages irritants (exemples : les boissons gazeuses, l’alcool sous toutes ses formes, les aliments épicés), les aliments raffinés pauvres en fibres.
V.S : Comment faire pour s’en débarrasser et ne plus le ravoir ?
JJJ : Le traitement demeure le meilleur moyen d’éradiquer ou de traiter cette infection. Cependant, il n’existe actuellement aucun traitement efficace à 100 %. Le traitement généralement prescrit utilise plusieurs antibiotiques. Après le traitement, le médecin doit refaire les tests dans 6 mois pour s’assurer de l’efficacité du traitement. Le malade à son tour doit continuer à observer les règles hygiéno-diététiques.
Dr Jude JEAN JACQUES, Infectiologue
Propos recueillis par
Dr Cynthia Jean-Louis et Johnny Jean
Village Santé