Apprenez à vos enfants à se protéger des abus sexuels

Nous, parents, avons le désir de protéger nos enfants de tous les dangers et espérons que nous serons toujours là pour le faire. Mais au fur et à mesure qu’ils grandissent, nous réalisons que ce n’est pas tout à fait possible. Nous ne pourrons jamais les protéger de tous les dangers. D’ailleurs, ils partiront tôt ou tard et laisseront leur nid pour découvrir le monde sans nous. Nous devons donc sortir du rôle de protecteurs et passer au rôle d’éducateurs.
Sachez que nos garçons et nos filles peuvent être victimes d’abus sexuel. Pour les aider à se protéger de ce type de violence, il est important d’inclure des messages de prévention dans leur éducation de tous les jours. En lui donnant son bain, par exemple, vous pouvez avoir une conversation avec l’enfant, où vous lui direz qu’on ne touche pas à ses parties sexuelles : « Personne ne touche à ton sexe, excepté moi et uniquement lorsque je te baigne. ». Prévenez avant de le toucher durant le bain, afin qu’il comprenne que le respect est important : « Je vais nettoyer ton sexe maintenant. » Apprenez à l’enfant à nettoyer son sexe entre 2 et 3 ans. Et enseignez à la nounou à respecter ceci. En jouant, apprenez-lui à dire : « NON, on ne touche pas là ! » Haut et fort.
Quand l’enfant commence à revendiquer sa pudeur, respectez ceci, évitez de vous moquer de lui ou de lui imposer de se montrer. Il a le droit de se protéger du regard de l’autre. Chacun a son niveau de pudeur. Afin de renforcer cela, demander que l’on ferme la porte de la toilette et que les autres frappent avant d’entrer, s’ils obtiennent l’autorisation.
Dès les premiers commentaires dus à l’œdipe, où la petite fille, par exemple, dit : « Quand je serai grande je vais me marier avec papa », maman, n’hésitez pas à lui dire : « Non, ma chérie, ton papa est mon mari. Tu ne te marieras jamais avec lui. Quand tu seras grande, tu rencontreras ton mari à toi toute seule. » Ceci aidera à la protéger de l’inceste.
Ne permettez à aucun voisin, ami ou parent de dire à votre enfant « men ti madanm mwen » ou « c’est mon fiancé ! ». Dire clairement devant l’enfant qu’elle ou qu’il est trop petit pour être le fiancé, la femme, la girlfriend ou le boyfriend de quiconque. Si la personne insiste, fâchez-vous et dites-lui carrément que dans ce cas, vous ne pouvez pas lui faire confiance avec votre enfant. Le mieux est de le faire devant l’enfant, afin qu’il sache que vous n’approuvez pas ce genre de propos.
Quand votre fille devient adolescente, refusez cette pratique très haïtienne de vérifier la virginité de la jeune fille. NON, grand-mère, tante ou autre personne de la famille, et même vous, maman, vous ne devez pas vérifier que votre enfant possède toujours son hymen ! Ceci entre aussi dans la catégorie d’abus sexuels. Car sachez qu’en plus d’effectuer votre « contrôle » sans le consentement de l’enfant, ceci est une pratique humiliante et dégradante.
Ne permettez pas que le père, un oncle ou un grand cousin amène votre fils chez la prostituée dès les premières apparitions des signes de virilité. N’acceptez pas qu’on lui masse le sexe avec « de la graisse de cacao ou autre » pour que celui-ci soit plus long. Ne permettez pas qu’on appelle votre fils le petit coq du village, qu’on parle de lui en termes de macho alors qu’il n’a même pas 5 ans, et même après d’ailleurs.
Afin de diminuer les risques, évitez de laisser vos enfants seuls avec un employé (chauffeur, nounou, bonne d’enfants, cuisinière…) ou un adulte que vous ne connaissez pas du tout. Voici un exemple de situation à risque : le chauffeur qui dépose la petite fille à la danse ou le petit garçon au foot et qui a la responsabilité de les aider à se changer dans la voiture.
Vous ne pourrez pas toujours tout prévenir et la vérité est que les pédophiles ont toutes sortes de visages : la cuisinière qui impose à votre petit adolescent d’avoir des rapports sexuels avec elle pour lui préparer son repas ; le professeur d’études surveillées qui exige une fellation pour donner une « woulib » à votre fillette…
L’important est de suivre votre instinct. Si quelque chose vous dérange, réagissez immédiatement, investiguez. Si votre enfant montre un refus de s’approcher d’un adulte ou s’il refuse une activité qu’il aimait, avant d’insister et de penser qu’il est paresseux, instable ou capricieux, il est important de lui parler, de lui demander ce qui se passe, et ce qui ne va pas et surtout de le faire sans colère. Rappelez à votre enfant que vous êtes là pour lui, pour le protéger, et que si quelque chose ne va pas entre lui et un autre adulte, c’est vous qui êtes là pour l’aider. Si vous n’obtenez pas de réponse, amenez votre enfant chez le psychologue de la petite enfance ou le psychologue pour adolescent. Celui-ci l’aidera à s’exprimer et permettra d’identifier le problème et d’y faire face.
Changements dans le comportement qui devraient attirer votre attention : l’enfant a peur de certaines personnes, couvre son corps, recommence à faire pipi au lit, s’isole, détruit avec violence ses jouets, parle de choses sexuelles qu’il ne devrait pas connaître à son âge, ses résultats scolaires se dégradent.
Des signes physiques que vous ne devez jamais négliger : des bleus sur les cuisses ou ailleurs sur le corps ; des douleurs et blessures que l’enfant ne peut pas expliquer dans les régions anales et génitales ; des irritations génitales et buccales ; des infections urinaires qui reviennent ; un gain de poids, des attitudes de séduction.
Chez les ados et préados : troubles alimentaires, signes d’automutilation et de scarification, consommation de drogue et d’alcool.
Ce n’est pas uniquement ce que les enfants vivent qui ont un impact sur eux. Mais la manière de réagir des parents et de l’entourage immédiat peut faire toute la différence. Ne blâmez jamais vos enfants d’avoir été victime d’abus sexuel. Les enfants, quels qu’ils soient, ne peuvent pas être responsables de la violence sexuelle qu’ils subissent. L’adulte est le seul et unique responsable C’est lui le prédateur, le pédophile le responsable de l’acte incestueux. Un crime qui doit être puni par la loi. Le plus important, c’est d’éloigner l’enfant de ces personnes et commencer le processus de reconstruction psychologique et émotionnelle.