Vivre avec un proche atteint d’Alzheimer. Les dernières années de ma mère.

« Je me souviens de ton courage au travail, de tes affections démesurées, de tes antipathies frisant l’allergie. Je me souviens de ton grand cœur qui pardonnait toujours, de tes idées arrêtées sur tant de sujets, de tes disques de Brassens. Je me souviens de tes pauvres, et de tes “pratik” qui défilaient le dimanche à la maison, de ton succès au théâtre, des jeunes qui venaient te demander conseil et que tu recevais toujours de bon cœur. Je me souviens des premier janvier et vendredi saints, où les petits plats préparés pour les amis étaient aussi importants que la messe à ne pas manquer… Je me souviens des couverts d’apparat inévitables du dimanche. Je me souviens aussi de ton visage quand tu écrivais. Je n’oublierai jamais la vie qui l’animait quand tu étais devant ta machine à écrire. Tous tes personnages vivaient en toi. Tu étais à la fois, Patrick Mérien, Annie, Carole, Boss Charles. Tu avais la passion des mots maman, la passion des mots bien dits et bien écrits. Tu avais de la verve, de l’humour, un grand cœur et tu ne ressemblais à personne. »
Oui, elle était comme ça ma maman, pleine de passion, débordant d’humour, pleine d’idées arrêtées, disciplinée et ponctuelle comme un soldat, susceptible comme pas possible, et avec un grand cœur gros comme le monde. Ce texte, je l’ai écrit à sa mort, alors que j’essayais d’effacer le souvenir des sept années qu’elle venait de vivre. En lui écrivant à ce moment-là, il était important pour moi de garder en mémoire qui elle avait vraiment été. Aujourd’hui, six ans après sa mort, et après avoir enfin été sur sa tombe, je fais la démarche inverse…parler de sa maladie. Ma mère n’avait que 70 ans quand la maladie d’Alzheimer a manifesté chez elle ses premiers symptômes. Elle a vécu sept longues années avec. Puis elle s’est éteinte sans bruit le 30 décembre, en 2011.
Connue comme une détérioration progressive des cellules du cerveau (neurones) qui se produit d’abord dans une région de celui-ci (l’hippocampe), la maladie d’Alzheimer est connue pour attaquer d’abord ce centre de la mémoire, pour s’étendre ensuite vers d’autres régions du cerveau. Confusion, jugement affecté, perte de mémoire, changements dans la personnalité, puis oublis progressifs de… tout. La mémoire récente s’en va d’abord, laissant intacts les souvenirs de jeunesse et d’enfance, puis tout finit par s’effacer.
Cela a commencé chez ma mère aussi, par des trous de mémoire, des clés perdues et quelques anecdotes ou questions répétées trop souvent. Mais à ces moments où elle n’était plus elle-même, persuadée par exemple qu’on lui avait volé l’argent qu’elle venait elle-même de cacher dans un tiroir, succédaient des moments de parfaite lucidité. Cela m’a plongé dans un moment dans un déni sécurisant.
Mais, assez vite, virent les hallucinations. Des visages vus dans les arbres de la maison d’à côté et dont elle suivait la vie avec passion… Lors de la visite chez le gériatre, elle n’a pas passé le test de routine. Des questions pourtant bien simples comme la date du jour ou celle de son anniversaire…
Puis ce fut l’évidence… et l’obligation qui a suivi, de dire à cette personne aimée non pas qu’elle « devenait folle » comme elle le pensait, mais plutôt qu’elle était atteinte de la maladie d’Alzheimer. Je n’oublierai jamais son visage ni les larmes que nous avons versées quand nous en avons parlé …
La maladie de ma mère a été la plus grande souffrance de ma vie, par le temps qu’elle a duré, et par l’impuissance inévitable face à ce mal dont on ne guérit pas. Observant ce qu’elle était devenue, j’ai souvent souhaité sa mort, pensant surtout à la personne indépendante et fière qu’elle était. Elle aurait été la première à se révolter de cette dépendance qui ne lui ressemblait tellement pas. Elle aurait ri de l’absurdité du fait que son aide-soignante appelle « Momo », la grande dame qu’elle était. Oui, avec cette maladie vous redevenez “Momo” comme dans votre enfance, car tout ce que vous avez été n’est plus. Et vos enfants assistent à cela et apprennent à vivre avec, en regardant tous les jours, impuissants, votre corps intact, où « seulement » votre cerveau n’est plus.
Par ailleurs, il y a les amis qui arrêtent de visiter, la famille qui fuit, les inconnus qui rient parfois. Personne ne veut de ce spectacle. Vous êtes mis au rancart, vous n’existez plus. Vous attendez tranquillement la mort, sans même le savoir, dans l’indifférence de tous et la routine installée par vos proches.
Si j’en parle aujourd’hui, c’est pour raconter la souffrance qu’amène cette maladie au sein des familles. Il ne faut pas la sous-estimer, la refouler ou se replier dans la honte. Je voudrais dire à ceux qui vivent ce que j’ai vécu que vous n’êtes pas seuls. Il vous faut du support psychologique. Il vous faut une ou des épaules pour pleurer. N’abandonnez pas non plus cette personne de votre famille qui s’occupe de votre mère, de votre père malade. Elle a besoin de vous.
Et puis, quand cette maladie frappe un être cher, c’est le moment plus que jamais de lui donner de l’affection. La personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, malgré ce vide apparent, malgré ce visage sans expression et cet air parfois d’être sur une autre planète, intégrez-la dans votre vie, tenez-lui la main, parlez-lui, donnez-lui des caresses, chantez-lui des chansons et exigez pour elle le respect de tous, même de ceux qui n’ont pas connu ses beaux jours. Chez nous, on a la mémoire courte, et on n’a pas souvent le respect des vieux.
Je n’oublierai jamais ce jour ou machinalement ma mère m’a répondu « moi aussi », une des fois où je lui ai dit « je t’aime ». « Je t’aime ». Cela m’a suffi, pour toutes les prochaines fois où j’ai eu à le lui dire, car j’entendais sa réponse dans ma tête. L’amour donné, l’amour reçu, Alzheimer ou pas, il n’est jamais perdu.
Christina Guérin
Village Santé
Comment te dire Merci pour ce texte?
Tu viens de le faire 🙂
Ça fait 7ans que je travaille sur un îlot prothétique je sais ce que ça est.La pire des maladies, faire le deuil de quelqu’un qui est vivant.Que c’est est triste
@Chermie, merci. Je viens d’apprendre ce que c’est qu’un îlot prothétique. Je ne savais pas que cela existait. Si je puis me permettre, vous êtes en Haïti ? Dans les foyers d’accueil traditionnels ici la cohabitation entre les personnes non malades et les autres souffrant d’une maladie comme l’Alzheimer peut être déprimante pour ceux qui vont bien… Un environnement créé spécialement pour ces personnes, c’est la situation idéale, dans ces circonstances bien tristes en effet. Faire le deuil de quelqu’un de son vivant. C’est exactement cela. Merci du partage !
Merci d’avoir assigné aux mots ce pouvoir de célébrer la vie de cette grande dame qu’a été ta mère.
Tres bien decrtit Christina . cette maladie demande beaucoup de patience, de compassion💕O
Christina,
À lire ton témoignage, je suis à la fois triste de n’avoir eu nulle occasion de me rapprocher d’elle pour lui dire mon admiration et rassurée de la compréhension familiale dont elle a pu bénéficier.
Merci Mireille.
Merci beaucoup Mireille.
Merci Joelle.
La mienne a 87 ans et elle vit avec cette maladie depuis 2012. C’est vraiment dur d’accepter cette realite . Il faut avoir beaucoup de maitrise et de patience pour vivre avec quelqu’un de tres proche.
Myrtha, je vous souhaite beaucoup de courage, et j’espère que votre famille et vos amis sont à vos côtés et aux côtés de votre maman. Merci de vos commentaires.
Querida Christina,
Melissa me mostró tu articulo y que suerte tuve de leerlo. Que lindo que puedas expresar de una forma tan pura y sincera el amor y el sufrimiento que conllevó esta enfermedad en tu vida.
Me recuerda lo importante que es cuidar hasta el final, sea cual sea la circunstancia, de las personas que nos hicieron ser lo que somos hoy.
Llevas en ti muchas cosas de ella!
Un abrazo a la distancia,
Sofia
<3 🙂
Beautifully written , so much love and compassion. I can feel it in every words. Our parents and elderly deserve so much for having loved us unconditionnally and to the best of their capability . Thank You
Thank you 🙂
Merci pour ce témoignage. Il n’a pas été très facile pour vous de revenir sur ces moments difficiles. Mais, sachez que nous lui conservons toute notre admiration et lui dirons toujours merci pour les moments agréables qu’elle nous a permis de vivre..Qui parlera de cette foutue maladie quand on lira ses productions ?
Christina,
Merci, mon père est âgé de 91 ans, m’a dit cet après midi “des fois je perds totalement mes repairs pendent plusieurs heures”.
Ce témoignage représente une préparation pour moi
Yanick
Heureusement que cela ne finit pas toujours comme ça. 🙂
WaouW!
bien dit
bien décrit
avec des mots si simples et beaux
Je me suis retrouvée dans ces lignes
pour avoir vécu ce chapitre la avec ma regrettée grand-mere
Merci d’avoir partage avec nous
Très chère, tellement d’amour dans votre texte, je suis émue jusqu’au larme. L’amour d’une mère, l’amour d’une fille.
So we’ll written…and such a legacy she has left behind…learn to love them no matter what is not alwaýs easy.i thank you for finding the right words and sharing it with.us.
Merci de ce témoignage! Il a touché bien des cordes…
Très beau témoignage Christina. Je me rappelle comment j’étais un peu perdu lorsqu’elle me parlait de cette famille qui vivait dans l’arbre d’à côté. J’ai vécu çela avec beaucoup de tristesse car avec le temps, j’étais devenu très proche de Mona.
Dimy, ton amitié était très précieuse pour elle. 🙂
Christina, le travail que tu fais avec Village Santé est admirable! Que tu aies eu le courage de partager sans artifices la pénible expérience vécue avec ta maman, “marraine, “Manmie Mona”, l’auteur de “Roye les Voilà”, La récipiendaire des palmes académiques françaises, la talentueuse dramaturge, m’a touchée au plus profond de moi même. J’ai du respect pour le travail d’information que tu fais dans le domaine de la Santé chez nous. Compliments
@Agnès, merci de cette éloge additionnel à ma maman. 🙂 Et au nom de toute l’équipe de Village Santé, je te remercie du fond du coeur. Nous sommes toute une équipe qui travaillons assidument à ce que l’ information en santé (prévention et support) prenne une place importante en Haïti. 5 stations de radio dont Caraibes et Magik 9 à Port-au-Prince nous aident bénévolement à faire ce travail pour atteindre un plus large public.. Merci de nous suivre et… “fè pawòl la mache!” 🙂
Permettez-moi de le partager sur ma page.
Avec plaisir. 🙂
C’est mon histoire avec ma belle mère alitée depuis 7 ans suite d’un AVC, elle ne peux plus bouger ni parler quand je la regarde cette femme qui avait la joie de vivre et qui faisait rire tant de gens c’est vraiment triste.
Myrtho, je vous souhaite beaucoup de courage à vous et à votre famille.
Merci Christina
Cette situation est vraiment délicate . Je remercie souvent le Seigneur de me donner du courage et de la patience Merci de partager avec nous Christina
Merci à tous de vos mots d’encouragement. Et merci de suivre Village Santé !
Merci pour ce texte qui m’a profondément touchée.
Merci à vous de nous lire.
Merci Christina d’avoir partagé ce texte qui m’a tellement touché que je n’ai pas pu refouler mes larmes. J’ai aussi perdu ma mère en 2012 ; la leucémie l’a emportée. A voir dépérir un être cher et être là impuissant est une réalité dure à accepter. C’est peut-être pourquoi j’ai pu m’identifier à travers ton texte et j’ai pu imaginer tes moments difficiles. Merci encore.
Je suis de la génération de “Roye les voilà!!!” Je courrais après les classes pour aller écouter ce feuilleton. Si je ratais un épisode, j’étais certaine que ma mère l’avait enregistré sur sa “radio-cassette”. Le bon vieux temps!!! Une grande dame Mona Guérin. Un nom qui restera à jamais gravé dans l’histoire du théâtre en Haïti.
Mes meilleures salutations,
Margalie B. Germain
On se remet difficilement de la souffrance d’un proche. J’imagine ce qu vous avez du vivre. Merci de nous lire et merci Margalie, de cet hommage à ma maman.
Très beau texte Christina. Simple et touchant. Merci de le partager avec nous.
Je me souviens de Mme Mona, notre institutrice en classe de 11e ou 9e???, Au galop dans les années 70.
La dramaturge et l’écrivain, je les découvrirai bien après…
Ce que tu dis est touchant mais aussi, selon moi, inquiétant car nous ne savons pas comment nous finirons nous mêmes…Mais bon… “l’amour donné, l’amour reçu, Alzheimer ou pas, il n’est jamais perdu”
Nathalie, On espère que d’ici là, on aura découvert une cure pour cette maladie. Pour Au Galop, elle était institutrice en classe de 11ème, l’un des profs les plus sévères que j’aie eu, alors qu’à la maison ce n’était pas le cas. Mais il fallait tracer l’exemple 😉
Merci Christina pour ce beau recit si remplit de souffrance mais vrai et beau. Merci pour ton courage.
Et merci Jany de l’avoir lu et d’avoir pris le temps de commenter.
Merci de traduire ce que j’ai moi aussi vécu et ressenti durant les 15 ans d’Alzheimer de ma mère. Texte touchant et tellement réel car j’ai connu votre maman. Merci.
15 ans ! Mon Dieu… Assister à cela impuissante pendant tout ce temps n’a pas du être facile pour vous. Tant de choses à se dire et tant d’autres laissées en suspens.
Chère Christina
Quelle merveilleux témoignage…
Tout ce que tu as ressenti a été décrit avec tellement d’honnêteté…
Tu m’as touchée aux larmes …
Merci mille fois d’ouvrir cette porte sur cette maladie…
peut-être faudrait-il aller plus loin et organiser des rencontres pour supporter les familles des personnes touchées par cette maladie !
Je t’embrasse très fort
Je suis très très fière de toi
Que Dieu te bénisse abondamment et qu’il bénisse tous ceux que tu aimes !
Isa
Merci Isa. Étant un projet de communication, nous sommes disposés à épauler toute institution souhaitant organiser des groupes de support, en divulguant l’information. Ce serait nécessaire, non seulement sur la maladie d’Alzheimer, mais aussi pour d’autres thèmes. Nous sommes en train d’approcher une institution pour lui faire la proposition.
Bises
De Mona Guerin, j’ai surtout connu la Grand-mère Mérien. Mais je sais qu’elle a été bien plus que ce simple personnage du célèbre feuilleton radiophonique “Woy, les voilà!” Mon enfance en a été profondément marqué. A la maison on en était tous des fans inconditionnels. Je me souviens surtout de la reprise des années 90 sur Magic Stéréo. Comme Patrick Mérien, j’ai été élevé par mon aieule paternelle et j’avoue que souvent je voyais en Grand-mère Mérien, ma grann à moi. Mme Guérin, comme vous le dites si bien dans votre témoignage, l’amour donné ne se perd jamais. Aucune maladie ne peut le faire disparaître. Et ce que je retiens de votre texte, c’est qu’il faut prendre le temps de manifester ce sentiment à l’égard de nos êtres chers. Le faire avant et pendant leurs sombres jours. Merci
“Et ce que je retiens de votre texte, c’est qu’il faut prendre le temps de manifester ce sentiment à l’égard de nos êtres chers”…. Nous oublions souvent que nous ne sommes pas éternels. On pense toujours avoir le temps… et on ne l’a pas forcément. Merci de votre commentaire Nimraud et bonne semaine.
Christina , j’ai grandi dans une maison ou ma mère était une fan inconditionelle de cette grande dame qu’a été Mona Guerrin et de son oeuvre magistrale au theatre ! ” Roye les voila ” sera toujours en toile de fond dans nos vies pour les heures incalculables de fous rire et de plaisir apportés par cette belle plume , cet esprit vif , taquin , fertil … ah cette petite veine battant a la tempe de Mr Jambe , on en rit encore … on en rira toujours ….Merci de partager car cela doit surement réconforter d’autres dans cette situation … mais surtout MERCI encore et toujours a Mona Guerrin d’avoir enrichi nos vies pendant tant d’années !!!
Bonjour Rose-May. Merci de ce bel hommage à l’écrivain qu’elle était ! Je suis heureuse de te lire.
Merci d’avoir partagé avec nous les moments sombres passés avec votre mere. Je suis en train de vivre la meme chose avec la mienne. C’est tellement dur, tellement insupportable. Ma mere est redeveue comme un petit enfant. Des fois je me sens impuissante, mais je veux etre la pour elle jusqu’a la fin. Encore merci.
Je suis désolée Tazile… Insupportable c’est le mot. Beaucoup d’amour et du soutient pour elle, pour vous et pour tous ceux qui prennent soin de votre maman… j’espère que vous avez vous aussi le support qu’il vous faut.. Marie, l’aide soignante de ma maman ainsi que d’autres personnes comme Madame Bellande la responsable du Pavillon de l’Âge d’Or et le Dr. Nathalie Laguerre, gériatre, ce sont des gens qui ont prodigué des soins et de l’affection à ma mère mais ont aussi été d’un grand support pour moi et ma famille. L’entourage a un grand rôle à jouer. Certaines personnes vont au-delà de ce que leur demande leur travail. J’espère que vous avez du support. Si vous souhaitez en parler je suis sur Facebook, en inbox, quand vous voulez. Bon courage.
Je tiens à vous remercier pour cet émouvant témoignage que vous avez bien voulu rendre public. J’ai lu et relu votre texte de nombreuses fois. À chaque fois, je buvais littéralement vos mots, m’arrêtant à chacune de vos phrases, reprenant à voix basse chaque paragraphe. Je ressentais au fond de moi tout ce que vous avez traversé. Pourquoi?
Parce que je vis présentement cette situation. Depuis près de sept ans, ma mère est atteinte de cette maladie. J’ai vu cette maladie s’installer progressivement en elle. Et évoluer au fil des jours…des mois…des années. Il y a cinq ans, elle a manifesté l’envie de rentrer en Haïti. De la «froidure québécoise», elle avait marre. Ses moindres désirs étant des ordres, vu combien elle s’est donnée pour nous, ses enfants (nous sommes quatre : 2 vivant en Haïti et 2 à Montréal), on a vite fait de l’y ramener.
Quand je rentre au pays pour la visiter, je passe en sa compagnie de longues heures. Je la regarde…lui parle…l’écoute me redire souvent, en l’espace de quelques minutes, les mêmes choses…me poser les mêmes questions. Le plus dur c’est de constater qu’elle ne me reconnait que… rarement. Pas facile à vivre! Dans ces moments-là, je regarde – toujours avec un petit coup au cœur – cette femme, de 90 ans aujourd’hui, si débordante d’énergie par le passé, qui a tant fait pour nous et dont la mémoire s’efface graduellement.
Tout ceci, pour vous dire, Christina, que je comprends et partage votre chagrin. Merci encore!
Bonjour Richard. Je suis très touchée par votre témoignage. Je partage et comprends moi aussi votre chagrin. Je ne suis pas une spécialiste de la question, mais si vous souhaitez en parler je suis sur Facebook, en inbox, quand vous voulez. Kenbe la. Supportons nous mutuellement, cela donne toujours du courage de savoir qu’on n’est pas seul.
Tres beau temoignage Christina, poignant. C est la souffrance de tous ceux qui vivent avec un proche atteint de cette maladie.
Suis a Montreal et je travaille dans un centre de soins de longue duree avec des
Alzheimers.
C est tres dur a vivre pour les proches, pour nous soignants c est aussi diificile. Certains sont la depuis des annees, on s attche a eux. Les rares fois ou ils nou reconnaisse et nous acceuille avec un sourire et une petite lueur dans les yeux cela compense tout ( les episodes d aggresivites, la mauvaise humeur, le refus systematique des soins etc..)
Votre mere etait une grande Dame, j aimais la lire, assister a ses pieces de theatre.
Bethsaida
Merci Bethsaida pour le beau travail que vous faites. Vous remplacez la famille qui ne peut pas être présente tout le temps. Pour avoir eu à confier ma mère à une institution à un certain moment (Le Pavillon de l’âge d’or) je connais la valeur inestimable de ces soins et de cette affection que vous prodiguez quotidiennement aux patients atteints d’Alzheimer. J’ai beaucoup de respect pour votre travail.
Bonjour,
Merci pour cet article. Ma mere a 57 ans et ça fait 3ans depuis que son psy a diagnostique cette maladie. Ce fut un choc terrible pour moi et le reste de ma famille. Je venais tout juste de terminer mon service social à l ‘hopital St-Antoine de Jeremie quand cette bombe m’a éclaté au visage. Au début, j’ai été fâchée contre ma mère car je ne pouvais admettre qu’elle developpe cette maladie-là et et precisement a cette periode de ma vie où j’avais le plus besoin d’elle. J’ai refusé cette nouvelle tâche qui d’une seconde à l’autre m’a ete confiee par la nature. Les principaux membres de ma famille se sont disputes car chacun refusait d’admettre cette nouvelle réalité chacun accusant l’autre d’etre le responsable de l’etat de santé de ma maman. Ça a été tres penible pour moi de faire face à ma nouvelle vie car vivre avec quelqu’un qui a toujours ete votre bouclier, votre force et constater que cette personne ne sera plus la meme, que mnt c votre tour d’etre son bouclier, sa force, sa nounou, son garde-malade, son urgentiste, sa responsable en tt, je vous assure, il y a de quoi de croire qu’on n’est pas loin de la folie soi-meme. A un moment donne, j’ai oublie de vivre. Je me suis livre corps et ame a un conbat contre la maladie d’Alzheimer bien que sachant qu’il n’y a pas de guerison possible. Bien que medecin de profession, je me suis mise à écouter toutes les propositions de soi-disant possible guerison pour ma mere car jusqu’alors la réalité que malgré mon diplome et ma licence de docteur en medecine, je ne pouvais rien face à l’etat de sante de ma petite maman sinon que l’accompagner et embellir ses journées le mieux que je puisse. Ce n’est que fin 2016, quand mon gynéco m’a appris que j’allais etre maman à mom tour que j’ai dû me réveiller et apprendre à revoir la vie d’une autre manière. G alors commencé à vraiment collaborer avec sa nurse et tenter une nouvelle stratégie pour intégrer le monde de ma maman. Bien que debut 2017, g fait un avortement precoce et que ça a ete un autre choc pour moi qui m’a plongé dans une depression, ma courtr periode de grossesse m’a permis de me reconnecter avec ma mere et de refaire connaissance avec elle. Maintenant, je peux dire Que je fais du progres. On passe plus d’heures ensemble et et de tres bons moments ou l’on rit ensemble, ou elle nous fait des blagues. Sa nurse aussi revoit sa routine avec elle ou elle lui reapprend a ecrire, insert un temps pour les jeux pour la memoire. Aujourd’hui, je peux dire aussi qu’avec mon acceptation de sa maladie et mon apprentissage de refaire connaissance avec Rosie(c son surnom), les autres membres de ma famille ont fait la paix et chacun à son rythme reprend contact avec elle. He pense que le fait que nous lui montrons que nous l’acceptons telle qu’elle est maintenant, ça luit fait du bien. Elle sourit plus souvent maintenant et des fois exprime le desir de participer a certaines activites a la maison et les promises aussi.
Vous avez vécu et vivez encore des moments difficiles Alexandra. Mais c’est merveilleux que vous ayez retrouvé votre maman pour créer avec elle des moments inoubliables. Bon courage à vous et à votre famille et merci d’avoir partagé ici avec nous votre expérience douloureuse. N’oubliez pas qu’à vous aussi il faut du support. Vous en avez besoin.
Merci Christina pour ce témoignage de l’amour d’une fille pour sa maman. Il est une preuve de plus, s’il en fallait que l’amour, le vrai, endure tout. Je n’ai rien à t’offrir si ce ne sont que mon affection, mon admiration et ce passage des Écritures qui est un de mes favoris : « L’amour est patient, l’amour est serviable, l’amour n’est pas envieux, il ne se vante pas, il ne se gonfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il n’est pas intéressé, il ne s’emporte pas, il n’entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de voir l’autre dans son tort, mais il se réjouit avec celui qui a raison ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais. »
Magnifiquement écrit, Christina!
J’ai pu comprendre tes ressentis car j’ai perdu ma mère très jeune.
Le plus dur c’est de ne plus pouvoir voir en eux ce que ces êtres furent et qu’ils ne se rappellent plus de ceux tant aimés.
Cependant, ils sont partis en semant l’amour en ceux qui leur subsistent..
Sentiments et souvenirs