Comment fonctionne le cerveau chez l’homme et chez la femme ?

Hommes, Femmes : L’évidence de la différence entraine-t-elle l’obligation de la hiérarchisation? Le cerveau a-t-il un sexe? Y aurait-il M. Cerveau et Mme Cervelle? La différence entre hommes et femmes serait-elle facile à déterminer, sous simple observation du cerveau?
Au dix-neuvième siècle, la différence de taille observée par le neurologue Paul Broca entre le cerveau masculin et celui de la femme provoqua des conclusions hâtives. L’argument de la supériorité de l’homme ne fit pas le poids, toutefois. Le gabarit moyen des hommes étant plus imposant que celui des femmes, il était normal que cette proportionnalité soit respectée, au niveau du cerveau. Et de plus, les observations post mortem sur des personnalités brillantes comme Albert Einstein n’auront pas permis de corroborer cette thèse. Malgré tout, la rigueur scientifique n’a pas toujours préséance sur les préjugés et les idéologies sexistes.
Heureusement, de plus en plus, les nuages se dissipent. Depuis le début de ce siècle, des études plus sérieuses sont réalisées. Peu de différences observables sont notées. Qu’il s’agisse du cerveau d’un homme ou de celui d’une femme, la caractéristique fondamentale de cet organe est sa “plasticité”. Cette possibilité de se réorganiser et de se développer sera très active de la naissance (10% des capacités) jusqu’à l’âge adulte. C’est une machine puissante et extraordinaire. L’expérience sera l’autre facette qui nous permettra de nous spécialiser : ce sont les synapses. Ce sont nos choix et nos habitudes qui vont orienter et structurer le cerveau, beaucoup plus que le genre. Autrement dit, le cerveau s’épanouit en réaction aux stimuli environnementaux. L’ordre génétique est renforcé et complété par l’ordre social.
Évidemment, il existe des écarts cérébraux entre hommes et femmes. Alors, parlons-en! On évoque des différences d’aptitudes qui avantageraient les hommes dans l’orientation spatiale, par contre, on accorde aux femmes un avantage au test de langage et aux capacités empathiques. Cela étant, un nombre non négligeable d’individus de chaque sexe sont plus performants dans le domaine dominé par l’autre sexe.
Les neuro-scientifiques sont les grands défenseurs du déterminisme biologique. Doreen Kimura, psychologue et post doctorant à l’institut neurologique de Montréal et auteure du livre: “Sex and Cognition”, est l’un des grands experts dans ce domaine. Cet expert mondial sur la différence entre les sexes au niveau du cerveau est incontournable. Mais toute théorie est à prendre avec précaution. Il y a d’une part les résultats scientifiques, et d’autre part, ce qu’en font les préjugés.
Finalement, si ce n’est pas le cerveau qui détermine la différence entre les sexes, serait-ce l’éducation, l’environnement culturel et social? L’être humain, probablement à cause de l’éducation religieuse, privilégie la croyance à l’expérimentation. Souvent, deux domaines en apparence contradictoires comme l’hérédité et le milieu sont plutôt complémentaires. Entre le noir et le blanc, il existe une multitude de variantes qui ne contredisent pas les extrêmes. Ainsi, le sexe opposé n’est ni inférieur, ni supérieur mais complémentaire. Les plus romantiques évoquent même le concept de l’Unité en évoquant la fusion de deux moitiés.
Au fait, chaque être humain possède 23 paires de chromosomes dont 22 sont identiques, une seule, la paire sexuelle est différente. L’afflux hormonal, selon le sexe et l’éducation socioculturelle contribuent à creuser l’écart. Durant les millions d’années d’évolution de l’espèce humaine, les codes et schèmes de comportements ont dû s’incruster dans les codes génétiques.
Peut-être qu’il vaut mieux en sourire, au lieu de faire une montagne avec nos différences. La tolérance et l’empathie sont des habiletés qui se développent et, nous l’avons vu, le cerveau s’adapte. La clé ne serait-ce pas l’état d’esprit, la bonne volonté de part et d’autre ?
Aly Acacia
Village Santé