Les Toilettes publiques : Une urgence de santé publique à ne pas négliger

L’élimination des déchets humains constitue un problème majeur pour de nombreux pays. Quand elle ne se fait pas dans les conditions appropriées, elle a un effet direct sur la santé des habitants en contaminant l’air, l’eau et le sol. L’un des moyens les plus efficaces pour éliminer les déchets humains dans l’environnement est l’utilisation des toilettes publiques. Ces dernières, si elles sont bien utilisées et correctement entretenues, permettent une bonne gestion des déchets humains. Mais pour ce faire, il n’y va pas seulement de la responsabilité des utilisateurs, des opérateurs qualifiés ont, eux, la responsabilité non seulement de rendre ces toilettes disponibles, mais aussi de faire la vidange et la maintenance de ces toilettes.
En Haïti, les toilettes publiques demeurent un défi tant dans la disponibilité que dans l’utilisation. Combien de fois avons-nous tenté d’utiliser ces unités lors de festivités ou autres évènements occasionnant le rassemblement d’un nombre important de personnes ? Entre le décalage entre l’offre et la demande et le manque d’éducation, ces toilettes sont très mal utilisées. Elles donnent naissance à des points nauséabonds et insalubres, ces derniers étant des niches de prolifération de microorganismes qui infestent tous les coins de notre espace. En plus de la limitation dans la disponibilité, n’oublions surtout pas la question de l’entretien (toilettes trop pleines, mauvaises odeurs) qui peut forcer un individu (bien intentionné) à se soulager dans un coin connexe du module.
Un autre point d’ombre demeure l’utilisation de ces appareils. En dépit de nombreuses campagnes d’information et les images (dessins) assez explicites sur leur mode opératoire, on est loin d’affirmer que la manière d’utiliser ces toilettes soit tout à fait une démarche acquise pour certains utilisateurs. Message non adapté au public cible ou transmission inefficace de l’information, la solution reste à trouver, car les résultats pour le moment ne sont pas au rendez-vous. Posons-nous la question : quelle quantité de germes invitons-nous dans notre organisme en touchant la poignée ou en nous asseyant sur le trône de ce royaume infernal infesté de germes ? L’utilisation de ces unités devrait-elle être un danger en plus ou une manière de protéger notre santé tout en protégeant l’environnement ?
Le but de cet article n’est pas de vous éloigner de l’utilisation des toilettes publiques, mais de mieux comprendre leur rôle et le danger qu’elles peuvent causer si elles ne sont pas disponibles, ou si elles sont mal utilisées, ou non entretenues convenablement. À la lumière des lignes précédentes, nous pouvons dire qu’une articulation harmonieuse de ces trois composantes (disponibilité, utilisation, entretien) devrait avoir un impact considérable sur la protection de l’environnement et la prévention de maladies liées aux déchets humains.
Cette prévention relève d’abord de la responsabilité des autorités centrales et locales. Au niveau central, les autorités doivent s’assurer que les lois sur la gestion des déchets humains sont adaptées à la réalité actuelle, et aussi mettre en place des mécanismes de renforcement de ces lois. Les procédures devront aussi impliquer les autorités locales qui, en plus d’être les représentants des autorités centrales dans les collectivités territoriales, ont la responsabilité de la gestion sur place et en temps réel, ce qui fait d’elles la pièce maitresse de cette prévention.
Toutefois, les utilisateurs, restent les seuls maitres de leur destin et de celui de ceux qui devront suivre leurs pas dans ce petit royaume fermé. Les autorités ont pour devoir de contrôler la disponibilité et la gestion de ces unités. Mais le bénéficiaire reste toutefois le décideur final, celui qui a le pouvoir, par la manière dont il utilise ces toilettes, de créer un impact positif ou négatif sur sa santé et sur son environnement. Une prise de conscience collective et totale doit suivre et appuyer les messages de sensibilisation sur l’utilisation des toilettes publiques. L’intérêt collectif doit habiter tout un chacun afin que les actions de l’un n’entravent pas celles des autres.
Dr Steve Mc Allan Smith
Village Santé