Qui n’a jamais eu envie de manger une chose en particulier ?

Notre envie qui, en général, traduit un désir peut se diriger vers n’importe quoi !

L’envie est le plus souvent le déclenchement d’un besoin physiologique comme l’envie de manger, l’envie de dormir, l’envie d’uriner. Mais l’envie peut aussi signifier un désir plus général relevant de l’affectivité, du rêve, du besoin d’action ou de possession, d’une décharge qui voudrait se manifester (Ex. : envie de faire l’amour, envie d’être heureuse, de rire, de marcher, de voir, de revoir quelqu’un). Cependant, l’envie peut aussi se manifester de manière pathologique quand, premièrement, elle n’est pas freinée bien que le besoin ait été satisfait, et deuxièmement lorsque cette envie peut entrainer des troubles de comportement graves comme l’envie de violence – l’envie de tuer.

Avant de présenter les mécanismes de l’envie face à la réponse physiologique de l’organisme, nous devons situer le terme dans tous ses aspects ; en psychologie, l’envie désigne un désir dont le sujet ne connaît pas toujours l’origine, l’envie est alors un réflexe. En sociologie, l’envie peut être également définie comme la volonté de posséder sans nécessité et s’oppose alors au besoin. Dans le christianisme, l’envie est associée à la convoitise, elle est donc un vice, un péché.

Les besoins physiologiques de l’organisme et même notre comportement sont mus par deux grands facteurs – le système de contrôle hormonal et le milieu/les habitudes.

Les hormones sont des substances qui se comportent comme des messagers biochimiques et qui stimulent une réponse de l’organisme. Par exemple, plusieurs hormones et facteurs jouent un rôle de régulation dans l’envie de manger. Un estomac vide et une baisse du taux de sucre dans le sang (se manifestant par des crampes à l’estomac – gargouillis – mains moites – sueurs froides- malaises) stimulent l’appétit. De plus, à ce moment une hormone nommée la « ghréline » envoie un signal au cerveau via l’hypothalamus pour stimuler la prise alimentaire.

De la même façon, en situation normale, la prise alimentaire entraine une distension de l’estomac et active des mécanorécepteurs – les aliments apportent du sucre dans le sang et entrainent la sécrétion d’insuline qui a pour rôle de faire entrer le sucre dans les cellules, mais aussi joue un rôle dans la sensation de la satiété. Une autre hormone, appelée la cholécystokinine et sécrétée par les intestins en présence du contenu alimentaire, inhibe la sensation de faim.

En dehors des hormones, la prise alimentaire est également influencée par des facteurs sensoriels : aspect, goût, odeur et texture des aliments. Dans ce cas, on parle du phénomène d’adaptation anticipatoire. Tout comme l’expérience antérieure agréable permet d’inciter la prise alimentaire, l’expérience antérieure négative peut nous amener à refuser un mets.

Une autre situation est le renforcement de l’envie de manger chez la femme enceinte. Pas toujours bien compris, ce renforcement de l’envie de manger est attribué au jeu hormonal : les œstrogènes entraineraient une hypersensibilité olfactive elle-même responsable de la modification du goût et de l’apparition des envies alimentaires chez la femme enceinte.

Le comportement et les traditions jouent aussi leur rôle. La prise alimentaire est calquée sur un rythme circadien (jour et nuit), mais selon nos pratiques, il nous arrive de changer nos horaires de dégustation. Et le fait de changer son horaire peut occasionner aux heures usuelles une sensation de faim même après avoir mangé antérieurement.

Sur l’envie de manger, il faut se rappeler que nous devrions participer activement et consciemment à la régulation de cette sensation en organisant notre temps et en mangeant de manière rationnelle – nutritive et régulière. Se rappeler aussi que le corps a besoin d’énergie pour fonctionner et que l’excès en tout nuit.

L’envie de manger tout comme toute autre envie fait partie des réponses comportementales et ces dernières sont directement régulées par les centres supérieurs, c’est-à-dire par le cerveau. Et lorsque les envies deviennent envahissantes, voire addictives, il devient urgent de les reconnaître et de se faire évaluer par son médecin qui décidera de faire le suivi avec un endocrinologue ou un psychiatre.

Dr Veauthyelau Saint-Joy

Village Santé