On a longtemps cru que la Planification familiale était une affaire de couple marié, vivant en concubinage ou vivant ensemble temporairement ou périodiquement. Cette  acception de la Planification familiale, dans son principe même, a exclu les jeunes. Ceux-ci ne se sentent pas visés, et, par conséquent, croient qu’ils ne sont pas concernés par la PF. 

Ce constat malheureux a amené les acteurs intéressés par la question à repenser l’approche. C’est ainsi qu’est venue l’appellation « Planification de la vie ». Les jeunes, tout autant que les personnes adultes, ont besoin de planifier leur vie, de savoir ce qu’ils veulent vraiment, et d’identifier tout ce qui est susceptible de les empêcher d’atteindre leurs rêves. La Planification de la vie aide le jeune à mieux préparer son avenir, à poursuivre ses rêves en toute quiétude, parce que certains facteurs pouvant retarder ou, au pire des cas, annuler ses chances de réussite sont maitrisés et contrôlés.

En Haïti, le taux de grossesses non désirées reste encore préoccupant (14% des adolescentes de 15 à 19 ont déjà commencé leur vie féconde). De plus, Haïti figure parmi les pays détenant le taux le plus élevé de mortalité maternelle (630 décès pour 100 000 naissances vivantes selon EMMUS IV), et les complications liées aux grossesses non désirées représentent la troisième cause de décès maternel.

De jeunes filles devenant à peine fertiles tombent enceintes. Les conditions de vie déjà précaires de beaucoup d’entre elles ne permettent pas une reprise des études après l’accouchement, et d’autres grossesses suivront. Et pour ce qui est de l’avortement, beaucoup de jeunes filles sont décédées, et d’autres sont devenues infertiles pour la vie (par ce qu’on a dû enlever leur utérus pour leur sauver) à cause de complications d’un avortement mal fait.

Avoir des relations sexuelles ne veut pas dire qu’on veut des enfants. Planifier sa vie permet d’avoir des relations sexuelles sans les risques de : grossesses non désirées, infections sexuellement transmissibles, complications des avortements. Cela permet aussi d’avoir le contrôle, c’est-à-dire de décider soi-même quand on veut avoir des enfants, avec qui et comment on veut les élever. AUJOURD’HUI, il est possible de contrôler son pouvoir de procréer. Arrêtons d’ignorer que les jeunes ont droit à la planification. L’exclusion des jeunes de la PF a donné pour résultat la situation alarmante décrite plus haut. Des méthodes existent, des professionnels sont disposés à aider, les portes de plusieurs institutions sont grandes ouvertes pour les accueillir. Ne laissons pas notre déni les priver de l’accompagnement qu’ils méritent. Et aidons-les à décider de ce qui est mieux pour eux. Leur avenir en dépend.