La maladie hémolytique du nouveau-né

La maladie hémolytique du nouveau-né ! Voilà une maladie dont on ne parle pas souvent comme la malaria ou la typhoïde. Nous sommes très nombreux pourtant à avoir vu ou entendu que certaines femmes enceintes sont à risque lors de leur grossesse et peuvent perdre leur bébé à cause d’une incompatibilité de groupe sanguin entre la mère et le bébé, conséquence directe du groupe sanguin du père. D’autres ont vu ou entendu que certaines mères donnaient naissance à des bébés en mauvaise santé et « très jaunes » (ictériques).
La maladie hémolytique du nouveau-né est plus présente qu’on ne le pense. Elle se caractérise par une anémie pouvant aller de modérée à sévère que présente le bébé dès la naissance. Cette anémie est en général survenue à cause de la destruction depuis l’intérieur de l’utérus des globules rouges fœtaux par des anticorps de la mère suite à une incompatibilité sanguine. Pour bien comprendre cette maladie (ses causes – ses manifestations et ses moyens de prévention), il nous faut retenir ces trois prérequis obligatoires :
• La réponse immunitaire L’organisme se protège de tout ce qui n’est pas reconnu comme « soi », c’est-à-dire de tout ce qui lui est étranger ou qui vient du dehors. Tout ce qui ne nous est pas donné dès la naissance et qui porte un antigène du ‘’non-soi’’. Notre système de défense (notre armée), qui est constitué de plusieurs cellules immunitaires (nos soldats), va s’attaquer à tous les intrus porteurs d’antigènes de ‘’non-soi’’ tels les microbes (bactéries – les virus par exemple) mais aussi dans certaines situations, les greffes venant d’autres personnes (greffe de rein, de foie, etc.)
• La notion de groupe sanguin Le système le plus connu est le système sanguin A, B, O. Chaque globule rouge a une signature (groupe sanguin A, B, AB, O) et respectivement des anticorps naturels (des cellules de défenses) Anti-B – Anti-A – Anti-A et Anti-B – Pas d’anticorps ; expliquant les règles de la transfusion sanguine. Ce qui nous intéresse ici est la présence d’un autre marqueur des groupes sanguins : le facteur rhésus qu’on lit positif (+) ou négatif (-), qui correspond à un antigène du groupe D. Donc, par exemple, groupe sanguin O et rhésus positif se lira ‘’GS : O+’’
• La notion d’hémolyse L’hémolyse est la destruction des globules rouges. Ce mécanisme survient naturellement dans l’organisme après 120 jours de vie d’un globule rouge. Dans des situations anormales, l’hémolyse peut survenir plus tôt et peut arriver de manière exagérée. Le globule rouge détruit, libère le pigment rouge qui le colore, « l’hémoglobine », dont la transformation dans l’organisme aboutit à la bilirubine qui, si elle est en trop grande quantité, donne la couleur jaune aux yeux et à la peau. On parle alors d’ictère.
Que se passe-t-il dans la maladie hémolytique du nouveau-né ?
Le mécanisme est simple à comprendre : premièrement, cela survient lorsqu’une femme dont le groupe sanguin est rhésus négatif (A-, B-, AB- ou O-), donc porteuse de cellules de défense ou Anticorps anti-rhésus positif, est mise enceinte par un homme dont le rhésus est positif (A+, B+, AB+ ou O+). Si le fœtus est de groupe sanguin rhésus positif, donc héritant le rhésus positif du père, les cellules de défense anti-rhésus positif de la mère vont donc s’attaquer au fœtus rhésus positif puisque l’organisme de la mère conçoit le rhésus positif comme un élément étranger duquel il faut se débarrasser. D’où la bataille.
La maladie se déclare quand les globules rouges du fœtus passent dans la circulation sanguine maternelle. A ce moment, le système immunitaire de la mère se met en branle pour combattre le rhésus positif du fœtus qu’il considère comme une entité étrangère introduite dans l’organisme de la mère. Les anticorps maternels passent par le placenta et attaquent les globules rouges du fœtus et occasionnent l’hémolyse. L’hémolyse peut être si massive que le bébé naît totalement ictérique (les yeux et la peau jaunis).
ATTENTION – Il y a une chronologie importante à retenir
Théoriquement, la maladie hémolytique du nouveau-né ne survient pas lors de la première grossesse avec incompatibilité rhésus. La mobilisation du système immunitaire de la mère est trop faible pour attaquer le fœtus, mais toutes les cellules se préparent pour les prochaines grossesses avec la même incompatibilité rhésus. L’organisme laisse donc passer le premier bébé, il ne s’attendait à être attaqué. Mais il se prépare pour ne rien laisser les prochaines fois. Les seuls cas où la maladie hémolytique du nouveau-né sont possibles lors de la première grossesse sont ceux des femmes ayant bénéficié de transfusion sanguine antérieure avec un sang rhésus(+), et celles ayant déjà fait une fausse couche ou un avortement provoqué.
Que peut-on faire pour prévenir cette maladie ?
1. Si la mère est rhésus(-) et le père rhésus(+), il faut penser à un dépistage prénatal (test de Coombs indirect, le test d’élution acide de Kleihauer-Betke, l’imagerie ultrason, l’échographie fœtale, le phénotype du père par PCR pour déterminer le génotype du fœtus.)
2. Si c’est la première grossesse,
a) La méthode préventive la plus efficace jusqu’à date est d’administrer un anticorps anti-rhésus à la mère dans les 72 heures qui suivent le premier accouchement ou la fausse couche ou l’avortement pour empêcher la mise en marche du système immunitaire et garantir un moindre risque aux grossesses ultérieures.
3. Si c’est la deuxième grossesse, une interruption prématurée peut être conseillée vers la 34e semaine.
4. Si le bébé naît très ictérique, une exsanguino-transfusion pourrait être recommandée, en dehors de la prise en charge médicamenteuse.
Chers parents, la maladie hémolytique du nouveau-né peut être prévenue, et ceci représente un grand triomphe médical du XXe siècle. Ne négligez pas les consultations prénatales, question de sauver la vie de vos futurs bébés que votre organisme peut s’acharner à supprimer.
Dr Veauthyelau SAINT- JOY
VILLAGE SANTE