Cirqu’ulation routière. Nous sommes en danger !

Fini le temps où l’on allait à l’auto-école, puis tremblants à « la circulation » pour passer notre permis. Maintenant, tout le monde conduit. Pour passer du « vitiello » à l’auto, et de la brouette à la moto, il vous faut juste une clé et, bien sûr, une « lisans » achetée « trap 2 » à un « raketè». À une intersection sans feux, qui a la priorité et combien d’automobilistes peuvent répondre à cette question ? On ne double pas à droite. Est-ce qu’il y a un conducteur de moto chez nous qui le sait ?
Cette démocratisation de la conduite automobile semble faire de plus en plus de victimes si on se base sur la difficulté que nous avons eue à obtenir des chiffres fiables sur la question. Une vraie paranoïa. Personne ne veut être celui ou celle par qui cette information sera arrivée jusqu’à vous. Les rapports d’accidents de la route seraient donc confidentiels en Haïti ? De grâce, dites-moi que nous n’avons pas assez cherché… parce que pour notre part, les statistiques restent floues sinon indisponibles surtout quand il s’agit de savoir de combien les chiffres augmentent chaque année.
Les rues de Port-au-Prince et de certaines villes de province sont comme un vaste Cirque, où tigres, ours, singes, clowns, cascadeurs et acrobates se côtoient dans un grand chaos. Un cirque auquel on participe soi-même et dont on ne sait jamais si on sortira vivant. Ces images vous sont familières sans doute : quatre personnes (dont des enfants) sans casques sur une petite moto ; un fou furieux qui dépasse 10 voitures d’un coup dans une courbe ; des humains perchés comme des poulets sur le toit d’un camion qui roule à toute vitesse… Tout ceci toujours sous l’œil impassible ou indifférent de la police nationale.
Mais la police a-t-elle la réponse à ce chaos ? Certes, elle pourrait sauver quelques vies de plus en faisant un peu mieux son travail. Mais pour l’essentiel, on connaît la rengaine : manque de fonds, manque de volonté politique, etc. Le sénat est aussi trop occupé à penser aux homosexuels et à leur mariage pour penser à nos vies sur les routes…
Nous sommes en danger. Et nous sommes surtout seuls, ou presque. Car les quelques institutions, hommes et femmes de bonne volonté (policiers compris) qui œuvrent dans le domaine de la circulation routière ne peuvent malheureusement pas aller bien loin dans leur mission sans ces structures et ces volontés qui nous font défaut… Et on fait quoi quand on est seul et en danger ? On agit avec ce qui est à notre portée. Au niveau individuel, agir avec bon sens, prudence et discipline. Dans notre entourage immédiat, éduquer autant que possible. Et intervenir dans la presse si nous y avons accès, afin d’atteindre ces « Grands » qui semblent s’en foutre…
S’il ne relève pas directement de nous, lecteurs, de faire de la circulation routière une priorité nationale, nous pouvons au moins, chacun en ce qui le concerne, tracer l’exemple en pratiquant le respect de nous-mêmes, des autres, et de cette vie qui nous a été donnée en cadeau. Elle est mille fois plus importante que le retard que nous essayons de rattraper, que l’économie faite sur le coût d’un casque, que le whisky de trop, que le message texte qu’on voulait lire…
Si nous sommes forcés d’être spectateur de ce cirque…Nous pouvons au moins faire le choix de ne pas être un acteur!
Excellent! Je suggère d’en expédier copie avec lettre de couverture à Monsieur Ronsard St. Cyr Secrétaire d’Etat à la sécurité publique.
Merci ! Mais j’ai besoin d’aide pour la lettre de couverture. 🙂 Elle serait si longue…