Défini comme étant un mécanisme empêchant la fécondation à la suite d’un rapport sexuel, la contraception demeure un sujet sensible, délicat, tabou, épineux ou excitant. Le qualificatif dépendra des lois, des us et coutumes du pays dans lequel vous vivez, de votre manière de penser ou des informations dont vous disposez. Peu importe le qualificatif choisi, on est tous et toutes d’accord que la contraception est un sujet d’une grande importance, car son but est de permettre une meilleure planification de vie, en évitant les grossesses non désirées et les avortements clandestins ou non sécurisés.

Le défi est de taille considérant que 222 millions de femmes n’utilisent pas de moyen de contraception, surtout dans les pays les plus pauvres, comme Haïti. En effet, lorsque l’on considère la situation dans notre pays, le taux de mortalité maternelle est la plus élevée dans l’Amérique latine et la Caraïbe, soit 320/100000. Nous enregistrons un taux de mortalité infantile de 88/1000 et un taux de 33% d’avortements clandestins contribuant justement au taux de mortalité maternelle. Et le taux de pénétration de la planification familiale est de 31% (EMMUS V). Tout cela révèle la nécessité d’un programme national de planification familiale.

Selon les statistiques, si toutes les femmes pouvaient accéder à un moyen de contraception, 87millions de grossesses non désirées et 46 millions d’avortements seraient évités (OMS). Qui pis est, on remarque que les jeunes manquent encore d’informations sur l’usage de la contraception et les différents moyens existants.

Des besoins de contraception non satisfaits à l’échelle mondiale

On estime à 214 millions dans les pays en développement le nombre de femmes qui souhaiteraient éviter ou espacer les grossesses mais qui n’utilisent aucune méthode de contraception (OMS), notamment pour les raisons suivantes:

  • Choix limité des méthodes;
  • Accès limité à la contraception, en particulier chez les jeunes, les groupes de population les plus pauvres ou les couples non mariés;
  • Crainte ou expérience d’effets secondaires;
  • Opposition culturelle ou religieuse;
  • Médiocre qualité des services disponibles;
  • Obstacles fondés sur le sexe.

Indiscutablement, les besoins de contraception non satisfaits demeurent trop élevés. Une situation qui s’explique par l’augmentation de la population, l’insuffisance d’informations pour toute la population et le manque de services de planification familiale.

Plus que la prévention des grossesses non-désirées

De nos jours, les femmes ont l’avantage d’avoir le choix de leur contraception. Certaines méthodes de planification familiale, comme les préservatifs, permettent d’éviter la transmission du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles.

La planification familiale à travers la contraception est essentielle si l’on veut assurer le bien-être et l’autonomie des femmes tout en soutenant la santé et le développement des communautés. Car, la capacité d’une femme à espacer et de limiter ses grossesses a des conséquences directes sur sa santé et son bien-être.

Dans les pays où la planification familiale fait l’objet de politiques publiques, les populations ont la capacité d’agir dans une perspective de renforcement de l’éducation. Ceci représente pour les femmes une chance d’améliorer leur niveau d’études et de participer à la vie publique. De plus, le fait d’avoir moins d’enfants permet aux parents d’investir davantage dans chaque enfant. Les enfants qui ont moins de frères et sœurs sont généralement scolarisés plus longtemps que les autres.

En plus de renforcer les droits des populations à choisir le nombre d’enfants qu’elles souhaitent avoir et à déterminer l’espacement des naissances, la planification familiale et la contraception préviennent les décès de mères et d’enfants en réduisant considérablement les risques sanitaires liés à la grossesse chez les femmes.

Finalement, la planification familiale est essentielle pour ralentir une croissance de la population qui n’est pas viable à long terme et les conséquences négatives qui en résultent pour l’économie, l’environnement et les efforts de développement aux niveaux national et régional.

 

En conclusion

D’un point de vue individuel ou collectif, la contraception regorge d’avantages pour les femmes. En dépit de tous ces arguments solides et irréfutables, trop de femmes ne suivent aucune méthode de contraception par ignorance ou par inaccessibilité.

Malheureusement, cinquante ans depuis la naissance de la première pilule contraceptive, les faits et les chiffres indiquent que l’objectif n’est pas atteint, surtout dans les pays les plus pauvres comme Haïti. En dépit des efforts déployés par les institutions œuvrant dans le domaine comme la PROFAMIL et les nombreuses campagnes de sensibilisation et d’éducation, il reste un long chemin à parcourir.

Ce 26 septembre 2017 marque le dixième anniversaire de la célébration mondiale de la contraception. Cette année, le thème de cette célébration est porté sur la contraception d’urgence, la contraception la moins pratiquée en Haïti. De nombreuses femmes à travers le monde ont franchi le pas en adoptant chacune une méthode qui leur convient avec ou sans support. Et nous, qu’attendons-nous pour faire en sorte qu’hommes, femmes et jeunes intègrent la contraception dans leur mode de vie ?

Jennifer Légitime

Responsable de Communication PROFAMIL