Haïti : Que faisons-nous de nos malades mentaux ?

La santé est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (*OMS, 2004) comme « un état complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». La santé mentale constitue pour l’OMS « un état de bien-être permettant à l’individu de réaliser ses potentialités, de faire face au stress normal de la vie, d’accomplir un travail productif et fructueux, et d’apporter une contribution à la communauté dans laquelle il vit ». La maladie mentale s’entend alors des lacunes ou carences sur l’un ou l’autre de ces aspects de la vie de l’individu humain.
Le malade mental est avant tout, une personne en souffrance, en manque de bien-être, qui ne peut normalement vaquer à ses occupations et se réaliser. C’est un individu qui aurait besoin qu’on s’occupe de lui, qu’on se préoccupe de son état et qu’on lui vienne en aide. Contrairement aux injures, insultes et mauvais traitements qu’on leur inflige dans la société haïtienne, le malade mental mériterait, de notre part, un autre sort guidé par l’amour, l’altruisme et la compassion.
Il est assassin de constater, entre autres, dans nos sections communales des jeunes filles malades mentalement ou handicapées mises enceintes par des propriétaires de la plus grosse boutique ou épicerie de la place, sous le fallacieux prétexte de rechercher plus de fortune pour leur entreprise. Toute la communauté de ces lieux tolère et accepte ce genre de forfait comme si ces personnes malades n’avaient aucune valeur à leurs yeux. Quand donc saurons-nous que les malades mentaux souffrent amèrement et méritent l’accompagnement de la famille, des proches et de toute la société.
Une société qui n’arrive pas encore à reconnaitre et à accepter ses filles et ses fils dans leurs états et différences afin de construire une communauté de gens de bien, n’appartient pas au monde civilisé d’aujourd’hui. Si nous ne pouvons pas construire des relations d’entraide et de convivialité pour nos congénères moins chanceux, nous sommes simplement des barbares! Sachons apprécier la différence et créer un cadre de vie agréable et supportive pour toutes les personnes, quel que soit leur état physique, psychologique et socio-économique!
La Société Haïtienne idéale, où il fera bon de vivre ensemble, sera à la dimension de notre compréhension, de notre tolérance et de notre grandeur d’âme de la maladie mentale et des handicaps de tout type.
Car n’oublions pas que la maladie mentale peut atteindre n’importe qui et à n’importe quel moment de la vie, nous pouvons toutes et tous nous retrouver dans la situation déplorable de ce rejet et mépris de la souffrance humaine!
Ronald Jean-Jacques, Psychologue
Inisyativ pou Sante Mantal an Ayiti (ISMA)
*OMS (2004) Investir dans la santé mentale, Genève
En Haïti malheureusement, plus d’un associent la maladie mentale à la sorcellerie et/ou à la malédiction de Dieu. Du coup, c’est plus difficile pour la famille du malade qui le considère comme un maudit de Dieu ou le fruit d’un mauvais. Ainsi plusieurs personnes vivant avec une déficience mentale se voit abandonnées, rejetées par leur propre famille.
Nous devons amener les haïtiennes et haïtiens à comprendre que la maladie mentale est d’autant importante que la maladie physique.