Le don de sang est un sujet peu abordé en Haïti. Pourtant, nombre de patients (surtout des femmes en accouchement) ont rendu l’âme faute de produits sanguins trouvés à temps et en quantité suffisante. L’on constate chez une bonne partie de la population une réticence à se rendre dans les centres de transfusion sanguine pour faire acte de don de sang. Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour expliquer ce phénomène qui peut être perçu comme une absence de solidarité, mais qui pourtant est causé par plein de facteurs comme l’ignorance, l’indifférence, l’absence de motivation externe ou la peur. Essayons de comprendre la chose.

D’abord le sang…

Composé de globules rouges, de globules blancs et de plaquettes, le sang est un tissu liquide qui circule dans notre corps grâce aux vaisseaux sanguins. Lorsqu’il est prélevé au labo-
ratoire ou au centre de transfusion sanguine et qu’on le laisse décanter, on y distingue : une partie inférieure, remplie de globules rouges ; juste au-dessus, il y a les plaquettes sanguines, les globules blancs et le plasma. Le sang se compose donc de deux parties : une partie solide constituée de cellules ; et une partie liquide, le plasma. Dans le plasma il y a un peu de
tout : les vitamines, le fer et tous les produits que nous absorbons dans l’alimentation. Ce liquide transporteur amène vers notre organisme tout ce dont il a besoin pour fonc-
tionner : les cellules, les protéines, le fer, l’oxygène, et les éléments essentiels contenus dans l’alimentation. Tout manquement ou irrégularité dans le mécanisme de transport du sang provoque des maladies graves pouvant aller jusqu’à la mort.

Pourquoi en donner ?

Le don de sang permet la transfusion de sang ou de produits sanguins à des patients qui en ont besoin. La vie de ces derniers en dépend. Chaque jour, environ 800 femmes meurent dans le monde par suite de complications liées à l’accouchement et le manque d’accès au sang. Selon le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), en Haïti, le taux de
mortalité maternelle est de 300 pour 100 000 naissances. Le fait de se rendre dans un centre de transfusion sanguine pour donner de son sang aiderait donc à éviter la mort à au moins une personne. Le sang prélevé d’un donneur étant décomposé, un seul prélèvement peut préserver la vie de plusieurs patients, dépendamment du produit sanguin manquant à chacun. Lorsqu’une transfusion sanguine est indiquée, rien ne peut la remplacer. Ce liquide, aussi précieux soit-il, ne coûte pourtant rien à celui qui le donne.

Le donneur…

Le donneur, une fois qu’il aura été qualifié, ne court aucun risque en donnant de son sang. On prélève au donneur qualifié moins d’un demi-litre (1/2) de sang. En moins de 24 heures, la partie liquide (le plasma) est restituée, et en maximum 5 à 8 jours, la partie cellulaire (globules rouges, globules blancs, plaquettes sanguines) est restituée à son organisme. De plus, un donneur qui avait 14 grammes d’hémoglobine et qui, après prélèvement de son sang, est à 12.5 g, passera au bout de 8 à 10 jours à 14.5 et parfois à 15 grammes. Pourquoi ? Parce qu’en donnant du sang, nous stimulons notre moelle osseuse où sont produites les cellules sanguines à produire encore plus de cellules. La moelle osseuse, véritable machine productrice de globules rouges et d’hémoglobine, se sent fouettée quand on prélève de son produit, et se met rapidement au travail pour le restituer avec surplus à l’organisme. Or, on ne demande au donneur Homme de donner du sang que quatre fois l’année, et à la Femme, trois fois l’an. À ce compte-là, pourquoi se priver de sauver la vie à un autre, si de surcroit, notre organisme s’en sort plus performant ?

La transfusion sanguine

La pratique de la transfusion sanguine remonte à plus d’un siècle. Mais depuis une
cinquantaine d’années, on pratique la transfusion sanguine moderne, laquelle consiste à ne donner au patient nécessitant du sang que le produit dont il a besoin. Le sang du donneur ayant été séparé en ses différents constituants, plusieurs patients peuvent bénéficier de produits sanguins suivant les besoins respectifs de chacun. Le candidat au don de sang est soumis à une batterie de tests dans le but de savoir d’abord s’il peut donner du sang, et ensuite pour s’assurer que son sang n’est pas contaminé.

Le don de sang est soumis à un ensemble de principes fondamentaux. Les centres de transfusion sanguine se doivent de respecter les principes de don éthique dont l’anonymat (le donneur ne connait pas le receveur et vice versa) ; le bénévolat (le don du sang ne peut être rémunéré sous quelque forme que ce soit) ; le non-profit (le sang et les produits sanguins ne peuvent en aucun cas être la source de produits financiers). D’autres principes tels l’engagement, le volontariat, l’hygiène, la sécurité et la qualité viennent compléter la liste du don éthique de sang.

Et maintenant…

Chez l’individu normal qui ne souffre d’aucune déficience, l’organisme produit 200 milliards de globules rouges pour jour. Du sang, vous en avez à profusion. À moins que ce ne soit vous l’accidenté, vous n’en manquerez jamais. Alors, DONNEZ ! DONNEZ ! DONNEZ ! C’est
facile, gratuit et cela sauve des vies !

Johnny Jean

redaction@villagesante.ht