La rage se transmet de l’animal à l’homme. Elle tue. En Haïti, le virus rabique a causé cette année huit morts, ces cas ont été répertoriés par le service d’épidémiologie du ministère de la Santé publique. Dans le monde 55 000 personnes décèdent à la suite d’une morsure d’un chien enragé.

« Nos statistiques rapportent que du début de l’année jusqu’au 30 septembre 2017, la contamination due à la rage a fait 8 cas de mortalité humaine. Trois à Port-de-Paix et cinq dans le département de l’Ouest (Petit-Goâve, Cité Soleil, Onaville). Il faut préciser que ce sont des cas répertoriés par le service d’épidémiologie du ministère de la Santé publique. 2 300 cas de morsures ont été rapportés vers un vétérinaire ou vers un centre de santé. Ces chiffres ont été compilés par le service d’épidémiologie du ministère de la Santé publique et de la Population », a fait savoir le directeur de la santé animale au ministère de l’Agriculture, Dr Norélus Joseph Pierre.  Il estime que c’est alarmant en Haïti vu que tous les cas en matière de rage humaine n’entrent pas dans les statistiques.

« Depuis un an, on n’a pas vraiment réalisé une campagne de vaccin antirabique pour les chiens au niveau du pays parce que les démarches administratives pour acheter les produits étrangers sont nettement compliquées. À la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif, les procédures sont compliquées. Ça nous prend du temps pour importer les vaccins. Heureusement que la Banque mondiale, à travers le projet de Renforcement des services publics agricoles du ministère de l’Agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (RESEPAG) nous a fait don de vaccins. De même que le Brésil et quelques ONG ont renforcé nos stocks », a-t-il dit.

La campagne de vaccination antirabique – menée  par les ministères de l’Agriculture, de la Santé publique avec l’appui de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS/Organisation mondiale de la santé (OMS), les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), la mission vétérinaire chrétienne, la Banque mondiale – tout de même, avance timidement, relativise-t-il. « On a déjà commencé avec les départements du Nord, Nord’ouest, Nord’est, le Plateau central et l’Artibonite. Les ressources financières ne sont pas au rendez-vous », souligne-t-il.

Ingénieur-agronome, docteur vétérinaire et enseignant à la faculté d’agronomie de l’Université d’État d’Haïti, Dr Pierre avance que « la rage clinique, la rage déclarée est mortelle. Dès que les signes cliniques se manifestent, l’animal ou la personne va mourir ». Et elle meurt en deux à quatre jours dans la souffrance.

Les signes de cette souffrance sont poignants : incapacité à boire à cause d’une paralysie de la mâchoire, maux de tête importante, agitation, crises de convulsion, excitation, hydrophobie, bave importante.

Comment épargner cette mort ? En faisant vacciner les chiens et en appliquant les mesures préventives en cas de morsures. « La prévention repose sur l’administration du vaccin antirabique. Il est disponible en Haïti, dans au moins une institution des différentes communes des départements », informe Dr Pierre.

Si le centre de santé n’est pas près, que faire ? Il préconise les mesures à prendre. « Avant tout, il faut laver la plaie avec du savon qui tue le virus de la rage. Laisser couler l’eau tout en savonnant la plaie pendant au moins dix minutes et contacter obligatoirement un personnel soignant ».

La rage, une zoonose

Le service vétérinaire, informe-t-il, placera l’animal mordeur en quarantaine jusqu’au ce que mort s’en suive. Le service de vétérinaire du ministère de l’Agriculture analysera la tête de l’animal. Si le prélèvement du spécimen au niveau du cerveau indique la rage, la personne continue le traitement : cinq injections sans interruption.

Si la rage est une zoonose, en d’autres mots, une pathologie qu’un animal peut transmettre à l’être humain, le virus de la rage a un hôte de prédilection : le chien. Ce n’est pas parce que le canidé est le vecteur principal que les autres animaux à sang chaud ne sont pas porteurs du virus rabique. « Les animaux à sang chaud peuvent être affectés, il a cité notamment, le chat, le cheval, le porc, le cabri, la chauve-souris, la mangouste…

La rage est mortelle. Les chiens, nos fidèles compagnons, trainent encore dans les rues librement et ils constituent un véritable obstacle au programme de lutte contre la rage. À l’horizon 2020, « Haïti prévoit d’éradiquer le virus rabique ».

Claude Bernard Sérant