Quelle eau buvez-vous ?

Garantir l’accès à la consommation d’une eau saine est un enjeu majeur de santé publique. Pourquoi ? Parce que les conséquences de la consommation d’une eau non potable sont catastrophiques. En effet, la diarrhée qui est considérée comme l’une des causes majeures de mortalité dans le monde est le symptôme d’une infection causée par des bactéries, virus et parasites qui se transmettent, pour la plupart d’entre eux, par de l’eau contaminée avec des matières fécales. Et selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus d’un million de personnes meurent chaque année des suites de diarrhées.
Cette triste réalité porte à poser non seulement le problème de l’accès à l’eau, mais aussi celui de la consommation d’une eau potable par les ménages. Car, « accès à l’eau » n’est nullement synonyme de « consommation d’eau potable ».
C’est dans ce contexte qu’est venue l’idée de conseiller le Traitement de l’Eau à Domicile aux populations, surtout rurales, là où il n’existe pas ou peu de points d’eau améliorés. Le TED est, depuis quelques années, considéré comme l’un des moyens les plus surs pour protéger les populations vulnérables face aux maladies hydriques. C’est donc à juste titre que l’OMS a créé au début de l’année 2003 le Réseau international de développement du traitement de l’eau à domicile et son stockage sans danger.
La question du Traitement de l’eau à domicile est beaucoup plus importante pour nous en Haïti. Plusieurs raisons participent de l’explication de l’urgence de promouvoir le TED dans tout le pays. Tout d’abord, les conditions précaires dans lesquelles vivent de nombreuses communautés, tant en région urbaine qu’en région rurale. Ensuite vient le non-respect des règles d’hygiène de base comme le lavage régulier des mains (après le repas ou après être allé aux toilettes) et la protection de l’environnement (son espace de vie et les espaces publics). Nos communautés étant déjà exposées aux maladies diarrhéiques (par les conditions de vie, la misère et la promiscuité qui y sévissent), le TED s’avère donc nécessaire et même vital pour leur survie.
Mais la promotion du TED auprès des ménages se heurte à certains obstacles. Il y a les croyances traditionnelles, les idées reçues ou mythes sur les méthodes de traitement de l’eau (le chlore en particulier), l’ignorance des maladies liées à l’eau, le manque de connaissance sur les produits, la perception que l’on n’a pas les moyens de se payer ces produits, entre autres. Toutes ces barrières constituent des freins qui entravent le changement de comportement des individus et les encouragent à maintenir des attitudes et pratiques pouvant mener à leur perte.
La santé est à la fois un bien et une responsabilité. C’est le seul bien qui mérite vraiment d’être protégé et la seule responsabilité qu’on ne peut déléguer à autrui. Chaque personne a donc l’entière responsabilité de veiller à sa santé, de prendre les bonnes dispositions pour ne pas l’abimer. Et l’un des moyens d’y parvenir est de s’assurer que l’eau dont on se sert pour la consommation et la cuisson des aliments est une eau traitée et correctement conservée. Cherchez les bonnes informations, changez vos pratiques et adoptez un meilleur comportement. L’eau tue autant qu’elle est nécessaire à la vie. À vous donc de décider si elle vous tuera ou vous maintiendra en bonne santé.
Djina Guillet DELATOUR
Coordonnatrice Nationale de Formation / SHOPS
Village Santé
“La santé est à la fois un bien et une responsabilité” Très bien dit! Bravo à village santé d’aider la communauté haïtienne à prendre ses responsabilités vis à vis de ce bien précieux!