La violence, qu’elle soit dirigée envers des adultes ou envers des enfants, est condamnable. On connait tous la violence physique. On en parle souvent dans les journaux, dans les émissions de radio et de télé, notamment la violence faite aux femmes et celle envers les enfants. Mais il est une violence dont on parle peu, du moins on n’insiste pas assez sur ses multiples conséquences : la violence verbale. L’idée ici n’est pas de culpabiliser qui que ce soit, encore moins de diaboliser des parents qui, nous le savons, portent en leur cœur un amour indéfectible à leurs enfants. L’objectif est seulement d’informer sur les possibles conséquences de certains mots que nous utilisons pour réprimander nos enfants (parfois en pensant les motiver et les encourager), ceci dans une perspective d’aider à mieux les éduquer tout en les valorisant.

Quelle est son origine ?

La violence verbale trouve le plus souvent ses origines dans la culture et les traditions familiales. Certaines personnes, estimant que la façon dont elles ont été élevées était bonne, reproduisent la violence verbale en s’adressant de la même façon à leurs enfants. Pourtant, les conséquences que trainent certains mots ou expressions sont parfois indétectables, subtiles au point que la personne qui en est victime ne s’en rend même pas compte. Ainsi, ces personnes infligent les mêmes maux dont elles ont souffert (ou dont ils souffrent encore) à leurs bien-aimés enfants, sans le savoir.  Or, le fait de ne pas savoir n’enlève rien au caractère du tort que l’on cause.

Ses possibles conséquences

Autant les mots eux-mêmes qui caractérisent cette violence peuvent être subtils, autant ses conséquences peuvent l’être aussi, difficiles à déceler si ce n’est par une remise en question de soi et de l’ensemble de ses valeurs. Les mots ou expressions violents, genre « tu es un incapable », « comment peux-tu être aussi bête ? », ou encore « ou pap janm anyen nan lavi w», s’impriment dans la tête des victimes par la répétition. À force de faire à l’égard de nos enfants ce genre de remarques, ils finiront par y croire, et adopteront à l’âge adulte un comportement qui témoigne des souvenirs lointains des dites remarques. «Je suis un incapable, un imbécile et un fainéant, donc je ne vaux rien. Ma mère me l’a répété si souvent! Ça ne peut qu’être vrai». Et dans la majorité des cas, la victime n’a pas conscience de l’héritage des mots sur son comportement et son attitude. De cette forme particulière de violence, il y en a qui s’en sortent assez rapidement. Soit en parvenant à la conscience qu’ils ont de la valeur et que les mots n’ont aucune emprise sur leur personne, soit en cherchant de l’aide auprès de personnes habilitées à le faire. Mais il y en a d’autres qui en traineront les conséquences toute leur vie, ces messages négatifs constitueront des blocages pour eux.   Parfois, même si en apparence ils semblent avoir réussi leur vie, dans leur for intérieur, ils continueront de croire qu’ils ne sont pas dignes d’amour, qu’ils sont bêtes, méchants ou quel que soit le message qu’ils avaient reçu.  D’autres auront toujours peur de prendre des risques, car ils croient inconsciemment qu’ils ne seront jamais rien dans la vie.  Ces messages qui définissent les enfants négativement ou qui leur prédisent un avenir noir entravent le développement de leur vraie personnalité.

Comment s’en sortir ?

Tout d’abord en modifiant notre façon de nous adresser à nos enfants. Il nous faut faire la différence entre l’action et la personne.  Il y a une différence entre dire à un enfant « qu’il est bête », et lui dire « qu’il a fait une bêtise ». Ces distinctions peuvent, à priori, sembler peu importantes. Pourtant, elles dénotent un changement radical dans la désignation de l’acte qu’on désapprouve : l’enfant a fait une bêtise, mais pas bête pour autant ; il a fait un geste maladroit ou n’a pas fait attention, il n’est pas maladroit pour autant; il s’est montré irrespectueux, mais n’est pas un petit cochon comme tu l’as traité… On aurait pu trouver mille exemples du même genre qui traduisent l’idée qu’on peut réprimander un enfant tout en le respectant, tout en l’aidant à garder confiance dans ses capacités, dans l’amour que vous lui portez, sans le diminuer, sans porter atteinte à sa dignité de personne.

Si vous vous sentez le désir de lui prédire l’avenir, assurez-vous d’imaginer pour lui un avenir de succès et non un avenir rempli de vos peurs. Certaines fois, en y réfléchissant un peu mieux, on voit que ce qu’on reproche à nos enfants est propre à leur âge. C’est donc à chaque parent de trouver les moyens pour aider son enfant à travailler sur lui-même et soigner son comportement. Les enfants sont des personnes à part entière dignes de respect, de dignité et de valeur ; ils sont les adultes de demain. Traitons-les comme tels. Vous serez les premiers à en bénéficier, et la société le sera aussi.

Johnny JEAN

Avec la collaboration de Béatrice Dalencour-Turnier, Psychologue

Village Santé