La protection de l’enfant en Haïti fait face à des défis majeurs – considérés notamment à un niveau structurel et systémique – auxquels on doit s’attaquer en vue de permettre à tous les enfants haïtiens de vivre pleinement leur enfance. Car, l’enfance est cette étape qui est centrale dans le développement de tout individu. Cependant, on ne cesse de constater de la négligence, de l’abandon et de la maltraitance se manifester à l’égard de certaines catégories d’enfants dites vulnérables, notamment les enfants de rue, les enfants vivant avec un handicap, les enfants réduits en situation de restavèk.

« Les enfants sont l’avenir du pays » dit-on. On connait tous ce petit refrain utilisé et répété dans diverses campagnes de sensibilisation, et aussi dans des programmes radiophoniques relatifs à la protection de l’enfant. Ceci s’inscrirait dans une perspective de conscientisation et de mobilisation par rapport à la situation « inhumaine » dans laquelle grandissent ces êtres humains. Pourtant, beaucoup de nos petites sœurs et petits frères haïtiens souffrent quotidiennement dans les « geôles » d’une « matant », d’un « tonton », d’une cousine, d’une “makòmè” etc. ou dans la maison de leurs propres parents. Ne revient-il pas le droit à tous les enfants d’être protégés ? Combien d’entre nous travaillent vraiment dans l’intérêt supérieur de l’enfant ? Combien d’entre nous sont conscients de la nécessité de pencher sur des politiques sociales relatives à l’enfance en vue de créer un meilleur environnement pour tous les enfants haïtiens ? Certes, des textes de loi contraignant la protection des enfants ont été signés et ratifiés, mais nous sommes encore loin de leur application complète et réelle.

La réalité des enfants abusés tant sur le plan physique que sur le plan psychologique et/ou sexuel, soulève des préoccupations par rapport à l’avenir. Quels adultes deviendront-ils ? Pensons-nous à cette génération d’enfants qui aura à faire des choix politiques, à élire des dirigeants ? Quelle société construisons-nous ? Une société qui produit des individus violents, traumatisés, des « restavèk », n’est-elle pas une société qui court vers sa propre destruction ?

Si nous continuons à répéter que « timoun se ti bèt », alors nous ne faisons que justifier les différentes atrocités que subissent les enfants, malgré les différentes actions mobilisatrices de certaines institutions sociales évoluant dans le champ de la protection de l’enfant. Cette situation peut déboucher sur des tendances suicidaires, des représentations sociales négatives, lesquelles peuvent créer, à leur tour, des sentiments de non-appartenance à leur famille et à la société, et empêcher le développement physique, émotionnel et social chez les enfants.

Un simple geste compte! Un geste d’affection, un petit sourire, un petit “je t’aime” à l’égard d’un enfant peuvent l’aider à mieux grandir.

Nous avons tous un ENGAGEMENT vis-à-vis de la protection des enfants. Personne ne peut prétendre ignorer ses responsabilités. Que vous soyez hommes/femmes de loi, vous avez la responsabilité de faire respecter les droits des enfants dans votre communauté. Que vous soyez professeur(e)s ou directeurs/directrices d’école, votre travail dans l’éducation doit permettre aux enfants de s’épanouir. Que vous soyez mère ou père de famille, vous pouvez traiter vos propres enfants et d’autres enfants qui ne sont pas les vôtres avec justice. Vous pouvez refuser de garder un enfant que l’on vous apporte si vous ne répondez pas aux critères définis par la loi. Vous, hommes et femmes d’église, pasteurs, leaders communautaires, jeunes, etc. pouvez poser des actions dans votre communauté, dans votre quartier, dans votre ministère en qualité de citoyennes/citoyens actifs pour la protection de l’enfant.

Nous avons tous une responsabilité envers les enfants dans notre communauté.

Timoun jodi, granmoun demen!

Samuel JEAN BAPTISTE

Psychologue / Travailleur Social

Child Advocate