La plupart de nos compatriotes haïtiens font du carnaval une passion. Je fais d’ailleurs partie de ceux-là. Oui, je suis de ceux, qui, pendant les fêtes de fin d’année, lorgnent avec impatience la Fête des Rois, pour faire de chaque dimanche un rendez-vous obligé, me rendant partout où règne l’ambiance carnavalesque afin d’y participer pleinement, jusqu’au délire des trois jours gras.

D’un autre côté, je suis pleinement conscient que toute activité où un grand nombre d’inconnus aux horizons divers se réunissent pour faire la fête comporte des risques réels, impliquant l’expertise de spécialités telles que la Gestion des Foules. La consommation abusive d’alcool de plus d’un au rythme endiablé des meringues fait du carnaval le premier de sa catégorie, devançant de loin les matches de football et des concerts, entre autres évènements.

Les risques auxquels on pense tout naturellement sont les risques de blessures légères et de blessures graves. Du coup de bouteille reçu sur un stand, à l’électrocution d’un musicien sur un char, en passant par le coup de matraque subi par erreur lors d’un bain de foule, il nous faut assumer la présence marquée d’un certain risque, quoique non omniprésent. Bien entendu, les blessures ne seront pas toutes aussi tragiques.

Les risques de grossesses non désirées sont certainement en nette augmentation durant le carnaval, là encore, la consommation de drogue et/ou d’alcool étant trop souvent l’élément catalyseur dominant. L’atmosphère engendrée par le carnaval tend à favoriser l’expression d’une certaine sensualité, de la danse lascive à l’acte sexuel lui-même, dans des conditions de lucidité généralement douteuses.

Les risques de viol sont réels (avant, durant et après le carnaval) d’où l’importance de circuler en groupe, en compagnie de personnes de confiance. Des cas de viols collectifs ont été rapportés dans la presse durant les années précédentes.

Les risques de transmission de maladies infectieuses et de maladies sexuellement transmissibles deviennent, bien sûr, les corollaires de l’acte sexuel, mais aussi de l’insalubrité qui règne avant, pendant et après le défilé carnavalesque.

Les risques d’attaque sont aussi en hausse dans la foule ou se côtoient tous les échantillons de la société haïtienne, réunis au même endroit et au même moment pour faire la fête. Pickpockets et marauds de tout genre circulent en gangs et sont très efficaces, rôdant à la recherche d’une proie facile. Les larrons s’entendent si bien en foire…

Le carnaval est aussi connu pour sa violence dirigée vers les femmes, les homosexuels ou d’autres groupes sociaux minoritaires ciblés pour des mobiles pas toujours clairement identifiables.

Loin de moi l’idée de noircir le carnaval. Le carnaval est bien ancré dans le culturel haïtien et il est tout à fait normal d’y participer. Mais n’oublions pas les gestes simples qui nous permettent d’éviter les risques liés à cette période, ce afin de pouvoir jouir de notre carnaval en toute sécurité. En résumé, l’idée est de se détendre et s’amuser tout en restant vigilant.

Louis René Balmir

Louis-René est un spécialiste en sécurité. Secouriste, Formateur en premiers soins, sa participation active à l’implémentation de mesures de sécurité relativement à plusieurs carnavals passés lui confère une certaine expérience en la matière.