Pour beaucoup d’entre nous, le carnaval est synonyme de festivité, belles méringues, chars allégoriques, défilés, danses, pour ne citer que ceux-là. Du coup, nous pensons très peu aux cas des blessés, asphyxiés, électrocutés…tous des cas d’urgence qui, malheureusement, sont aussi des parties prenantes du carnaval. Village Santé saisit donc l’occasion du carnaval pour vous informer de ce que c’est que le secourisme, discipline d’importance vitale dès qu’il est question d’urgence, et aussi pour vous poser la question : Et si vous saviez quoi faire en cas d’urgence ? Vous seriez plus confiants, plus prêts et aussi disponibles au besoin pour sauver des vies.

SECOURISME : ORIGINE ET DEFINITION

Le secourisme se retrouve tout naturellement lié à l’histoire et à l’évolution de la médecine, retracé d’ailleurs depuis 1099 ou des chevaliers religieux de l’Ordre de Saint-Jean étaient formés pour administrer des soins médicaux sur les champs de bataille. Alors qu’une certaine perception populaire tend de nos jours à confiner l’administration des premiers soins à celle de la réanimation cardio-respiratoire, le secourisme est en fait un ensemble de procédures simples par lesquelles un individu aux connaissances médicales limitées parvient à préserver en vie une victime accidentée ou tombée soudainement malade, en utilisant le matériel à sa disposition, en attendant l’arrivée des secours médicaux. Ces gestes qui sauvent retrouvent donc forcément leur racine dans les deux fonctions principales qui assurent le fonctionnement du corps humain : la respiration et la circulation du sang.
Les paramètres précis liés à ces deux fonctions ayant été déterminés pour trois groupes d’âge distincts, soit de 0 à 3 ans (nourrissons), de 3 à 8 ans (enfants) et à partir de 8 ans pour un corps considéré adulte, l’effort du secouriste convergera vers le rétablissement de ces paramètres, soudainement modifiés par cet accident ou ce brusque malaise.

LA FONCTION RESPIRATOIRE

Du point de vue de la respiration, la fréquence et la qualité des cycles respiratoires, c’est-à-dire le nombre d’inspirations/expirations par minute, devient le paramètre déterminant par lequel le secouriste jaugera l’état de la victime. Il favorisera le fonctionnement optimal de son appareil respiratoire en la plaçant de manière à garder ses voies [respiratoires] bien ouvertes.
LA FONCTION CIRCULATOIRE

Du point de vue de la circulation, les observations rapides du secouriste s’orienteront d’abord par le toucher vers la température de la victime, une circulation adéquate du sang engendrant à la surface de la peau une certaine chaleur. La prise du pouls fournira plus précisément au secouriste un cliché sur le fonctionnement du cœur, assurant l’irrigation de tous les organes de sang, justement oxygéné en toute complémentarité par la fonction respiratoire. Il demeure évident que par définition même, toutes les actions du secouriste seront exécutées avec, comme considération primordiale, l’économie du temps.
LE DEGRÉ DE CONSCIENCE ET LES TRAUMATISMES FAVORISANT L’ÉTAT DE CHOC

Quel que soit l’accident ou la maladie soudaine, les victimes se trouvent divisées en deux grandes familles. Celles qui sont restées conscientes et celles qui ont perdu conscience en conséquence du traumatisme présent. La notion du degré de conscience revêt alors une importance capitale, puisqu’il se rapporte directement au fonctionnement cardio-respiratoire. Toute déficience de l’une, l’autre, ou des deux fonctions mènera irrémédiablement la victime vers l’état de choc, qui est tout simplement la défaillance de circulation adéquate de sang oxygéné vers certaines parties de l’organisme. La déficience de l’appareil respiratoire, de l’obstruction légère jusqu’à l’étouffement causé par l’obstruction totale ou le dysfonctionnement du système et/ou la déficience de l’appareil circulatoire causée par un traumatisme du circuit (hémorragie) cause l’état de choc, irréversible s’il n’est pas adressé, et menant à une mort certaine.

Quel que soit le traumatisme, les actions du secouriste auront pour unique but de conserver la vie en prévenant l’aggravation de la maladie ou de la blessure, favorisant en conséquence le rétablissement de la victime. Le bon samaritain n’abandonnera jamais la victime jusqu’à l’arrivée des secours médicaux. De la crise d’asthme à l’amputation accidentelle, le secouriste, après une formation rudimentaire et un entraînement régulier, sauvera des vies avec les moyens dont il dispose au moment même de son intervention.

L’importance du secourisme dans les sociétés modernes commande que ses premières notions soient inculquées dès le jeune âge, d’où la nécessité immédiate, entre autres, pour l’état haïtien de l’inclure dans le cursus scolaire. Cela nous aidera peut-être à nous éloigner collectivement de ces tares qui nous poussent à employer du dentifrice pour soigner une brulure, et ce n’est alors que le phénomène culturel ô combien absurde du ralé ak lwil palmakristi sera définitivement révolu !

Et puisqu’il faut agir en attendant, l’ignorance n’ayant pas d’excuse, chaque personne peut chercher à connaitre les gestes simples en secourisme qui peuvent l’aider à sauver la vie d’un proche.

On estime que chaque année, 10 000 vies pourraient être épargnées si 1 personne sur 5 connaissait les gestes d’urgence. Soyez 1 une personne qui les connait pour protéger 4 personnes de votre entourage qui ne les connaissent pas. Et vous verrez la différence !
Louis René Balmir

Spécialiste en sécurité, Secouriste, Formateur en premier soins