Qui n’a pas entendu parler de la tuberculose ? Posons-nous une question beaucoup plus pertinente : les informations dont nous disposons peuvent-elles nous permettre de nous protéger, de protéger nos proches ou encore notre environnement de ce mal ? Le 24 mars 1882 est la date à laquelle Robert Koch isola le Mycobacterium Tuberculosis appelé encore le Bacille de Koch. Cette date fatidique est célébrée dans le monde entier en symbole de lutte contre cette maladie qui a fait tant de morts à travers l’histoire de l’Humanité.

En effet, selon l’OMS, en 2016, 10,4 millions de personnes ont contracté la tuberculose et 1,7 million en sont mortes (dont 0,4 million ayant aussi le VIH). Plus de 95% des décès dus à la tuberculose surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. En Haïti en 2012 (selon le PNUD), 212 Haïtiens sur 100,000 étaient atteints de tuberculose. Ce chiffre a connu une amélioration en 2016 soit 194 pour 100,000 habitants. Malgré cette amélioration, Haïti reste le pays le plus endémique du continent américain avec 17 000 nouveaux cas en 2013.

La tuberculose est une maladie liée aux zones à ressources limitées. Le manque d’accès aux ressources est quasiment un facteur de risque pour contracter cette maladie. Les facteurs découlant de la pauvreté peuvent s’énumérer comme suit : analphabétisme, promiscuité, absence d’hygiène de base. D’autres prédispositions d’ordre médical peuvent également favoriser l’infection voire le décès d’un individu par la Tuberculose. Parmi celles-ci, nous pouvons citer : l’infection au VIH, la malnutrition, et toute autre situation susceptible de compromettre l’immunité d’un individu.

Il existe plusieurs formes de Tuberculose. La forme pulmonaire représente à elle seule 70% des cas de tuberculose. Les autres formes sont moins fréquentes, mais sont loin d’être les moindres. La Tuberculose se divise en trois grands groupes : la forme pulmonaire, extra pulmonaire (Os, Système nerveux, ganglions, reins, peau) et les formes milliaires (infection généralisée). Selon leur localisation, la Tuberculose se manifeste avec des caractéristiques distinctes. Ces signes et symptômes permettent non seulement de faire le diagnostic, mais aussi d’évaluer les traitements (en se basant sur la régression des signes et symptômes).

Chez le tuberculeux (pulmonaire), deux phases symptomatiques peuvent se distinguer. Une première dite phase de primo-infection où le patient présente des signes plus ou moins bénins tels : fatigue, perte de poids, douleurs thoraciques et fièvre. La seconde phase ou Tuberculose pulmonaire proprement dite est une accentuation des signes et symptômes suscités avec des ajouts caractéristiques témoignant de l’évolution de la maladie. Citons : toux, fatigue (malaise), sudation nocturne, hémoptysie (sang dans les crachats ou expectorations), douleurs thoraciques, fièvre et râles à l’auscultation.

Comment se transmet la tuberculose? Chez les tuberculeux pulmonaires, la majorité des contaminations se font dans l’air. Le sujet infecté crache, tousse des particules dans l’air. Les sujets sains (non-infecté) respirent ces particules dans l’air. Une fois dans l’organisme, le M. Bacterium tuberculosis agit et le sujet devient malade.

Comment la Tuberculose est-elle dépistée chez un patient ? Plusieurs moyens permettent de dépister la tuberculose chez un individu. Au cours de l’examen clinique du malade, les signes évocateurs doivent attirer l’attention. Des examens cliniques aident les cliniciens à assoir leurs diagnostics. Les investigations se font par Microscopie, imagerie (X-Ray Thorax), Biologie (Gene Xpert).

En guise de traitement, les malades étaient antérieurement isolés dans un sanatorium. L’hypothèse était que le repos et l’abondance de nourriture fortifiaient l’organisme et le guérissaient. Dès les années 40, les patients tuberculeux commençaient à recevoir leurs traitements médicamenteux. Le schéma de traitement de base est de 6 mois avec une combinaison de quatre médicaments anti-tuberculeux. Les traitements peuvent s’allonger dépendamment du profil du patient. Vu le nombre important de comprimés, l’implication de l’entourage d’un malade est capitale dans la réussite de ce projet. Si les médicaments sont le point fort de lutte contre la Tuberculose, les souches de résistance constituent son talon d’Achilles. En 2015, l’apparition des souches résistantes et multi-résistantes rendait non seulement compliqué le traitement, mais aussi ajoutait un cout financier massif à la balance.

Comment se protéger de la Tuberculose?

Chez les enfants, la vaccination est fortement suggérée. Chez les adultes, l‘information et son utilisation à bon escient sont des facteurs déterminants dans la lutte communautaire de la tuberculose. Dès que l’organisme présente des signes et symptômes anormaux, tout un chacun doit voir un personnel médical qualifié afin de recevoir les meilleurs conseils. C’est en évitant la contamination et en orientant les cas suspects vers les centres médicaux que la lutte contre la Tuberculose peut atteindre son but. Pendant toute la semaine pour arriver jusqu’au 24 mars, informons-nous et formons les autres afin d’obtenir en 2030 un monde sans Tuberculose.

Dr. Steve Mac Allan Smith

Village Santé