J’ai le privilège de diriger depuis déjà quatorze ans, les Pavillons de l’Âge d’Or, une institution offrant des services d’hébergement et de prise en charge des personnes âgées nécessitant une assistance ou des soins supervisés. Cette expérience quotidienne m’a ouvert les yeux sur la réalité que confrontent nos aînés, les doyens de notre société.

Si cette étape de la vie – dite « le Troisième Âge » – s’en vient à pas feutrés avec certaines pathologies parfois inévitables, nous oublions souvent que vieillir ne signifie pas « arrêter de vivre ». Toute personne qui aura la chance de dépasser le seuil moyen d’espérance de vie déterminé par la géographie et notre patrimoine génétique passera un jour par là.

Il est triste de constater qu’une diminution des capacités physiques ou mentales, même légère (trous de mémoire, besoin d’un déambulateur ou d’une cane pour marcher, etc.), peut devenir, injustement et d’un jour à l’autre, une raison de délaisser ceux qui nous ont élevés, nourris et guidé nos pas dans la vie. Pourtant, nos aînés – parents, connaissances, amis, du 3e âge – ne demandent qu’à participer aux activités quotidiennes de la famille, de leur communauté. Nous devons les aider dans ce sens, dans la mesure de leurs capacités.

Très peu d’activités ludiques ou professionnelles sont organisées pour cette tranche de la population. La plupart de nos espaces publics pouvant être source de rencontre et de divertissement pour nos aînés ne sont pas aménagés de manière à faciliter leur liberté motrice et l’intégration des personnes à mobilité réduite. Devant le peu d’options disponibles, le rôle de la famille et l’engagement des amis prend une place primordiale dans leur vie, afin qu’ils ne sombrent dans l’isolement et ne se sentent pas marginalisés. Cette attention, ces soins et cette affection que nous manifestons envers les enfants pour assurer leur équilibre, nous les devons aussi à nos aînés, en souvenir du passé.

Arrivés à un certain âge, ils sentent souvent qu’ils ne sont plus utiles. C’est à nous de les rassurer, de leur donner, comme j’aime souvent le dire, ce « Tender Loving Care «  dont ils ont tant besoin en les entourant, en valorisant leur expérience, en leur témoignant du respect afin qu’ils retrouvent cette dignité et cette confiance en soi qui s’effritent malheureusement au cours des années avec l’isolement, l’indifférence de l’entourage ou l’infantilisation par les proches.

Avec nos vies trépidantes, nous avons des horaires bien chargés. Mais l’affection et l’attention que nous pouvons accorder à nos proches de l’Âge d’or ne prennent pas forcément beaucoup de temps.

Patience, compréhension, compassion.

Écouter et s’adapter, et non s’imposer.

Apporter à nos aînés ce sentiment d’être aimé et aussi de compter à nos yeux, c’est amener un rayon de soleil dans leur vie !

Marie Laurence Bellande

Directrice exécutive

Les Pavillons de l’Âge d’Or