En finir pour de bon avec le paludisme !

Le paludisme, mieux connu sous l’appellation MALARIA, est une des plus fréquentes et dangereuses maladies infectieuses parasitaires tropicales. La Malaria devrait être l’affaire de tout le monde, car les données de l’OMS ont révélé qu’en 2015 qu’il y avait environ 212 millions de cas de paludisme enregistrés à travers le monde. Quoiqu’en 2015, ces chiffres sont le témoignage d’une baisse de 21% des cas de paludisme de 2010 à 2015.
Actuellement dans les Caraïbes, l’île d’Haïti est la zone qui détient le nombre de cas de paludisme le plus important. Aussi depuis 2015, la République d’Haïti et la République Dominicaine se sont engagées dans une dynamique bilatérale pour ÉRADIQUER la malaria de l’île.
Au sein du Ministère de la Santé publique et de la Population, il a été mis sur pied un plan stratégique en vue d’éliminer le paludisme ; ce plan devant s’appliquer de 2016 à 2022 vise une dizaine d’objectifs. Nous partagerons ici les principaux objectifs de ce plan de lutte contre la malaria :
Objectif #1 :
Couper la chaine de transmission – traiter 100% des cas fébriles dus à la malaria.
Pour ce faire, il est établi sur le territoire national une gratuité pour le dépistage et le traitement des cas de malaria. Oui ! Personne ne devrait payer pour l’accès à un test de diagnostic devant éliminer une malaria et personne ne devrait payer pour recevoir les médicaments devant traiter la malaria. Cette décision vise un diagnostic et un traitement précoces.
Dans ce même axe stratégique, les médicaments utilisés sont la chloroquine et la primaquine, qui constituent en passant le même régime thérapeutique que la République Dominicaine. Ces molécules sont à notre avantage, car les parasites que nous avons sur l’île y sont sensibles alors que dans d’autres zones où la malaria est endémique elles ne sont plus actives – elles y sont résistantes.
Cet axe stratégique a été expérimenté à travers un projet pilote binational dans les régions de Ouanaminthe et de Dajabon qui a été primé en 2017 par l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS). Cette collaboration a remporté le prix de « Champions contre le paludisme dans les Amériques ».
Objectif #2
Une surveillance épidémiologique efficace.
On ne peut pas vouloir éliminer une maladie d’un système de santé sans un monitoring strict de ses variations démographiques, géographiques et temporelles. La Coordination du Programme de lutte contre la malaria en collaboration avec la direction épidémiologique du MSPP a renforcé le réseau national de surveillance épidémiologique en y ajoutant 140 Officiers de Surveillance épidémiologique (OSE) dont le rôle est d’assurer la gestion des données relatives à la surveillance épidémiologique de la malaria ainsi que l’investigation des cas en étroite coordination avec les Agents de Santé Communautaires Polyvalents (ASCP)
Objectif #3
La lutte anti-vectorielle
Cet objectif implique plusieurs ministères (Ministère de l’Environnement – Ministère des travaux publiques…). Pour le MSPP, les brigadiers sont les acteurs de première ligne. Leur travail est plus efficient en périphérie de Port-au-Prince où la population est davantage sensibilisée et participe aux travaux d’identification et de traitement de gites larvaires. Les séances de fumigation sont également réalisées pour combattre les formes adultes.
Objectif #4
Communication pour le changement de comportement (CCC)
Des campagnes de communication et d’éducation de la population sur plusieurs formats sont appliquées en vue d’intégrer le concept de lutte contre le paludisme dans le quotidien de nos concitoyens et de les impliquer de manière effective.
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En Haïti, nous avons encore beaucoup d’effort à faire. Alors que notre voisin comptait un peu moins de 1000 cas de malaria en 2016, nous étions à environ 21000 cas. Toutefois, nos stratégies ont payé, car en 2017 nous avons compté environ 18975 cas. Un point fort intéressant à signaler est que 75% des cas de paludisme enregistrés en Haïti sont dépistés dans les départements de la Gand-Anse et du Sud. Ce qui montre clairement que l’accent doit être mis sur le grand sud notamment au niveau des communes de Tiburon et les Anglais.
Le MSPP s’est donné l’objectif d’éradiquer la malaria du territoire national d’ici 2022. Cet objectif, il ne pourra pas l’atteindre seul. Nous devons tous être partie prenante de la lutte contre le paludisme et apporter notre pierre dans l’éradication de ce fléau : Annou mete ansanm pou KWAPE MALARIA.
Jean Frantz LEMOINE, MD, MPH
Coordonnateur des Programmes Nationaux de
Malaria et de Filariose Lymphatique
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