LES HÉROÏNES DU QUOTIDIEN- Ces femmes qui allient travail et maternité.

Il n’y a aucun doute qu’il n’est pas facile de parvenir à trouver un équilibre entre ses activités professionnelles et les responsabilités d’élever un enfant. Pourtant, des femmes ont réussi ce pari. Village Santé a été à la rencontre de ces « Héroïnes du quotidien » qui sculptent l’avenir de leurs enfants avec courage et bravoure, malgré l’adversité.
Elles ont toutes répondu à la question : Comment conciliez-vous votre vie professionnelle et vos responsabilités en tant que mère ?
Hélène*
J’ai 38 ans. J’ai deux enfants. Comment je m’y prends ? Je fais ce que j’ai à faire. Ce sont des choix de vie. Il y a le travail qui est nécessaire et il y a aussi les enfants, les deux font partie de mon monde. Souvent, une tâche empiète sur l’autre. Dépendamment des circonstances, je priorise l’un par rapport à l’autre. J’essaie de trouver un équilibre pour ne pas léser mon travail ni ma Famille, mais ce n’est jamais balancé à 100%.
Ce que je sais c’est que, quelle que soit la situation, je trouverai toujours du temps pour mes enfants et une solution pour faire mon travail.
On trouve toujours du temps pour ce qu’on aime. J’ai commencé à travailler en tant que professionnelle dans mon domaine en 2006 et je ne suis mère de famille que depuis 8 ans. Il n’y a pas de formule magique, je n’ai pas de secrets ni de réponses toutes faites pour les femmes qui vivent une situation similaire. À chacun sa façon de faire. L’essentiel c’est de se sentir bien dans ce qu’on fait afin que les deux parties puissent tirer le maximum de nous et d’agir en conséquence pour n’avoir aucun regret.
Francine
J’ai 40 ans, et j’ai deux merveilleuses filles. Gérer un foyer et avoir une vie professionnelle sont des taches souvent trop difficiles, mais je m’en sors toujours. Toutefois, l’arrivée de ma 2e fille a eu un impact sur ma vie professionnelle. À l’époque, mon employeur était un homme méchant et un arriéré qui ne pouvait pas comprendre ce que c’est que d’être une mère de famille. Ma fille était souvent malade et mes absences au bureau étaient fréquentes. En dépit des motivations dument démontrées de ces absences, j’ai été transférée à un autre poste.
Je n’étais pas du tout contente. J’avais de la colère en moi, mais je me disais aussi que la guérison de ma fille en valait la peine. Alors, j’ai tout encaissé avec courage.
Avec l’aide de mon mari, un homme bon et compréhensible, je parviens à harmoniser travail et éducation de nos deux filles. À deux et avec une personne qui participe, qui supplée l’une à l’absence de l’autre, la tâche est beaucoup moins lourde.
J’aime travailler et j’adore mes enfants. Je fais donc en sorte de toujours trouver du temps pour mes obligations professionnelles aussi bien que pour mes deux filles.
Stéphane
Je suis Stéphane. J’ai une fille de 16 ans. Je commencerai par dire que ce n’est pas du tout facile. J’ai pendant longtemps été mère célibataire. J’ai dû aller travailler, me rendre à la Faculté des Sciences Humaines et m’occuper de ma fille en même temps. Je n’étais pas toute seule, du moins pas totalement. Mon père et ma mère m’ont apporté une aide précieuse que je ne peux ne pas signaler. Toutefois, cette expérience m’a valu des sacrifices énormes pour arriver à donner le meilleur de moi-même partout, et en tirer quelques satisfactions.
On doit toujours admettre une chose : on ne peut pas tout avoir. Dus aux nombreux déplacements en province et à l’étranger dans le cadre de mon travail, il y a beaucoup de moments importants dans la vie de ma fille desquels je n’ai pas été témoin, par exemple quand elle a fait ses premiers pas. Mais quand je suis là, j’essaie d’être vraiment présente, c’est-à-dire essayer de la connaitre réellement, savoir qui elle est, son tempérament, ce qu’elle aime et ce qu’elle n’aime pas, et la laisser me découvrir moi aussi. Il faut savoir être présente en qualité quand la quantité n’est pas au rendez-vous.
Moi, ce que je dois prioriser dans les moments clés, je le fais. C’est ainsi que je parviens à jouer sur les deux fronts et à gagner. Et j’inclus autant que je peux ma fille dans mon travail. Certaines fois, je l’emmène avec moi sur le terrain pour qu’elle puisse voir ce que sa mère fait, avoir une idée de ce que travailler veut dire et, à partir de là, comprendre aussi ce que faire des sacrifices veut dire.
Emmanuela
À mes débuts dans le milieu professionnel, j’ai dû envoyer ma fille à Jacmel parce qu’il m’était impossible de prendre soin d’elle en même temps que de vaquer à mes activités professionnelles. Mais quand j’ai trouvé mes repères, j’ai repris ma fille avec moi. Depuis, j’essaie de trouver l’équilibre entre obligations professionnelles et responsabilités de mère.
Mais ce n’est pas du tout facile. Je me déplace très souvent dans le cadre de mon travail. J’ai donc engagé une nounou et une personne pour l’aider à faire ses devoirs et étudier ses leçons. J’ai pris très tôt sur moi la responsabilité de lui expliquer le pourquoi de mes fréquents déplacements. Elle comprend, mais cela ne nous épargne pas à toutes les deux la souffrance qui en découle. Quand je suis à la maison, je l’aide à étudier et à faire ses devoirs. Du coup, quand je suis là, elle le prend comme une grâce de pouvoir étudier et jouer avec moi.
J’essaie de mon mieux de compenser mes moments d’absence. Je fais aussi plein de compromissions avec ma fille. Quelques fois, je fais des requêtes pour demander d’envoyer sur le terrain une autre personne à ma place. Maintenant qu’elle commence à grandir et à solliciter beaucoup plus de mon temps, je me prépare à faire beaucoup plus de compromissions, et à lui donner plus d’occasions de se ressourcer dans l’affection maternelle.
Alexandra
Je n’ai jamais pensé à la façon dont je me prends pour gérer les deux jusqu’à cette question. C’est automatique : ce sont mes responsabilités et je les prends. Il faut juste que je dise que l’arrivée de mon fils a totalement changé ma façon de vivre. Maintenant qu’il est là, il faut que je m’assure qu’il va très bien et qu’il ne manque de rien.
Avant, je rapportais du travail à la maison. Mais très vite, j’ai compris que ce n’était pas pour son bien, car cela l’attristait de ne pas pouvoir jouer avec moi quand je suis présente. J’ai donc abandonné cette pratique. Je préfère rester un peu tard au bureau pour que je sois totalement à lui quand je rentre.
J’essaie du mieux que je peux de gérer, mais les deux en souffrent. Mon fils a l’habitude de demander à la Nounou de m’appeler pour me demander de rentrer en pleurant, surtout quand je suis en province. Et certaines fois, quand il ne se porte pas bien, j’accumule les retards dans mon travail. Ce n’est jamais gagné.
J’explique à mon fils de deux ans maintenant les raisons qui font que je dois travailler. Pour ma part, je crois que ce n’est ni bon ni mauvais. C’est ce que nous offre la vie moderne. Les femmes travaillent aussi bien que les hommes. C’est juste normal. Cela demande juste du courage, du temps et le sens des responsabilités. Moi, j’essaie de faire la balance.
*Les prénoms ont été changés pour assurer l’anonymat.
Propos recueillis par Johnny Jean
Village Santé
Bon travail Johnny
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