Pour saper une partie de vos vacances d’été (quand elles ne sont pas toutes bousillées), il existe un trouble-fête pour lequel on oublie souvent de se préparer : la combinaison « diarrhée, vomissements, maux de ventre ». Cela vous dit quelque chose sans doute, car qui n’a pas eu au moins une fois dans sa vie à recevoir de force ces invités surprise qui s’amènent généralement au moment où on s’y attend le moins. Ces indélicats seront pourtant souvent de la fête lorsque règles d’hygiène et prudence ne sont pas au rendez-vous. Et si parfois cela arrive que vous soyez victime de la négligence d’un autre (hôte, restaurant, etc..), vous avez dans la majorité des cas le pouvoir d’éviter de tomber malade à cause de ce que vous avez mangé. L’intoxication alimentaire peut être évitée dans presque 90% des cas. Le saviez-vous ?

La réunion des trois symptômes énoncés plus haut permet d’évoquer une gastro-entérite, car elle exprime l’inflammation ou l’agression de l’estomac (les vomissements/douleurs abdominales) et de l’intestin (diarrhée/douleurs abdominales). Cette gastro-entérite est courante chez les enfants, car elle est associée principalement à des virus. Plus on grandit, plus l’agresseur doit se trouver en contact direct avec les organes en question (estomac – intestin) et la voie d’accès principale reste et demeure la bouche. À l’âge adulte, on a une inversion dans l’ordre de virulence des germes qui causent une gastro-entérite : d’abord les bactéries, puis les parasites, et enfin les virus.

Notons qu’une gastro-entérite n’est pas seulement l’expression d’une infection (bactérienne – parasitaire – virale) du tube digestif, mais elle peut aussi être l’expression d’une mauvaise digestion connue sous l’appellation de troubles dyspeptiques. Ces derniers sont le plus souvent exprimés par des inconforts abdominaux : ballonnement – nausée – flatulence. La gastro-entérite peut encore être la manifestation d’une pathologie sous-jacente.

Après avoir bien compris ce qu’est une gastro-entérite qui a un sens large, nous pouvons maintenant parler d’intoxication alimentaire. Cette dernière est une infection du tube digestif par des microbes ou leurs toxines se trouvant dans des aliments ou de l’eau contaminée. C’est aussi une agression du tube digestif par un poison.

L’intoxication alimentaire se manifeste en général dans les 24 heures qui suivent l’ingestion du produit contaminé. Il apparait alors des signes permettant d’évoquer une gastro-entérite accompagnée parfois de fièvre et de maux de tête.

D’où viennent les microbes qui contaminent ces aliments que nous consommons ?

En grande partie, il s’agit d’une infection féco-orale. Eh oui ! Le manque d’hygiène primaire comme se laver les mains avant et après s’être passé aux toilettes joue un rôle important dans la transmission des germes. Certains microbes contaminent naturellement les fruits et les légumes, c’est pour cela qu’il faut bien les laver et bien les éplucher. D’autres existent déjà chez des animaux ; ainsi faut-il bien faire cuire la viande et boire du lait pasteurisé ou bouilli. L’eau étant un réservoir de microbes, buvez de l’eau potable certifiée.

Que faire face à une intoxication alimentaire ?

En général, les intoxications se résorbent de par elle-même dans les 48 heures qui suivent les premiers symptômes. Cependant, une fatigue extrême et un état de malaise inexpliqués peuvent persister en fonction de la sévérité de l’état de déshydratation (séquelles des vomissements et/ou de la diarrhée). La conduite à tenir la plus importante est une BONNE RÉHYDRATATION. En effet, elle se fait avec de l’eau libre, mais aussi avec des boissons sucrées et salées pour remplacer les substances perdues. Le mieux c’est de prendre des sels de réhydratation orale (SRO) plus connus sous le nom de ‘’sérum oral’’.

S’il y a présence de sang dans les selles ou dans les vomissements ou si les troubles persistent durant plus de 48 heures, il faut consulter un médecin, car il est DÉCONSEILLÉ de prendre soi-même des antibiotiques et des anti-diarrhéiques.

Nous devons garder à l’esprit que certaines intoxications alimentaires sont actuellement très fréquentes en Haïti et peuvent entrainer la mort si elles ne sont pas  prises en charge de manière adéquate. Parmi les plus courantes, citons seulement la fièvre typhoïde et le choléra…

Certaines fois, l’intoxication alimentaire n’est pas causée par un microbe, mais par un toxique/poison. Veillons à la bonne qualité de ce que nous achetons aux supermarchés (date de péremption).

Les intoxications alimentaires ne sont pas une affaire de vacances, mais sont seulement plus courantes durant cette période. Nous vous invitons donc à redoubler de vigilance par rapport à la provenance de vos mets, au risque d’allergie alimentaire et aux mesures d’hygiène nécessaires pour éviter de vous contaminer. 9 fois sur 10, consciemment ou inconsciemment, c’est vous qui introduisez l’aliment contaminé dans votre organisme. Même si cela demande de renoncer parfois à un mets savoureux et appétissant, la prudence est donc de mise. Il y va de votre santé et, dans de nombreux cas, même de votre vie.

Dr Anne-Rose Miguel

Village Santé