L’été, c’est bientôt !

En Haïti, c’est souvent le moment de multiples déplacements ; on va visiter ses proches en provinces ou à Port-au-Prince, on part faire du tourisme local avec des amis, on se fait inviter par les grands-parents à la campagne. On est donc forcément plus enclin à explorer l’inconnu, nouveautés culinaires incluses. Logique. Autre environnement, horaire différent, les réflexes alimentaires changent, et l’insouciance des vacances étant souvent au rendez-vous, on fait généralement moins attention à ce que l’on porte à la bouche.

Par ailleurs, à Port-au-Prince, comme dans les différentes villes de province, l’augmentation des activités économiques amenée (saison estivale oblige) par une intensification de la production de certains commerces ne s’accompagne généralement pas d’un renforcement des conditions d’hygiène dans lesquelles ces opérations commerciales ont lieu… Touriste local insouciant, jeune invincible faisant la fête, gourmand faisant fi de son bon sens pour faire un « p’tit goute » bien mérité… Aucun de nous n’est à l’abri de ces perturbations de nos habitudes alimentaires qui, dans les conditions énumérées ci-dessus, conduisent souvent à des intoxications alimentaires !

Il faut que l’on se rappelle que les aliments que nous consommons sont susceptibles de contamination de tout genre par bactéries, virus, moisissures, levures, ou encore par des larves et des œufs d’insectes. Ceux-ci donneront un mauvais goût et une mauvaise odeur à ces aliments et rendront malade le consommateur non avisé des possibles complications sanitaires. Dans les différents marchés publics du pays, la vente de nombre de produits alimentaires se fait dans des conditions hautement insalubres. Les trottoirs de diverses rues sont jonchés de produits de toutes sortes destinés à la consommation. Les denrées alimentaires sont voisines d’immondices entassées çà et là, couvertes de mouches d’insectes et d’autres polluants organiques. C’est souvent cette nourriture-là que nous ingurgitons, méconnaissable bien sûr, puisque cuisinée par des mains expertes et assaisonnée de forces arômes nous faisant saliver à un kilomètre à la ronde…

Fêtes, cérémonies de toutes sortes, repas collectifs, « fritay night », « pate kòde night », « tafya night », bacs des « machann manje » bien approvisionnés, barbecue sur une plage bondée de monde, on s’en donne à cœur joie ! À différents coins de rue, des amis s’attroupent et partagent des « cups » d’un clairin qui souvent n’a subi aucune forme de contrôle et se révèle parfois être de l’alcool frelaté.

Dans cette ambiance de fête plus que jamais sévit un flagrant non-respect des règles élémentaire d’hygiène.

Ces mains qui nous servent nos repas ont-elles été lavées comme il faut ou même lavées tout court ? Les ustensiles utilisés par ces cordons bleus des vacances, quand ont-ils gouté pour la dernière fois à la combinaison eau propre+savon+« foubi » ? Le mode de préparation des repas, les températures de conservation requises, le stockage approprié des aliments dans les réfrigérateurs… ces normes sont-elles respectées ? Cette main qui manipule pâtés, bananes pesées et saisit les morceaux de griot, et qui passe sans se faire prier à une liasse de billets crasseux, parce qu’il faut vous remettre votre monnaie, savez-vous combien de microbes y sont accrochés ? À tout cela s’ajoutent les fameux « manje dòmi » dont on s’amuse parfois à dire qu’ils ont meilleur goût, mais qui pourtant ne sont souvent pas conservés dans les conditions recommandées.

Sur les plages, dans les réceptions, des cas d’intoxication dus au fameux poisson cuivré sont parfois recensés. Il s’agit, le plus souvent, d’espèces contaminées après s’être nourries d’algues toxiques. La toxine peut se retrouver dans n’importe quelle partie du corps du poisson. Toutefois, on la retrouve généralement fixée dans des parties tels la tête, les viscères, les œufs et le foie. Comme le venin, elle est inoffensive pour les poissons porteurs. Pourtant, elle se révèle un poison souvent mortel pour les humains. La toxine n’est pas détruite par la congélation, la cuisson ou tout autre procédé de transformation du poisson. Elle est inodore et n’altère ni son goût ni son apparence. Il semblerait qu’éviter de manger des morceaux d’un gros poisson pourrait être une précaution à prendre pour limiter les dégâts. La toxine passant dans la chaine alimentaire lorsque des poissons de récifs d’où vivent les algues sont mangés par de plus grands poissons carnivores que les humains vont à leur tour consommer.

L’idée n’est pas ici de vous transformer en paranoïaques vous empoisonnant du coup vos vacances « à notre manière », moins néfaste quand même pour vous, avouez-le. Nous jouons ici les rabat-joie, rien qu’un petit moment, pour vous mettre en garde et vous rappeler que vous passerez surement de meilleures vacances si vous faites systématiquement attention aux sources d’intoxication alimentaire suivantes :

  • Les fruits de mer
  • Les fruits et les légumes non lavés
  • Les poissons cuivrés
  • Le non-lavage régulier des mains
  • Les huiles de cuisine recyclées
  • L’alcool frelaté
  • Les « Manje dòmi »
  • Le non-respect en général des règles d’hygiène élémentaires ainsi que tout ce dont votre bon sens vous dira de vous méfier.

Certaines intoxications alimentaires peuvent causer la mort, ces cas sont rares, mais ils existent. Vous ne saurez jamais à quel moment ni dans quelles conditions elles peuvent tuer. Mais d’une manière générale, l’intoxication alimentaire est une affection très courante qui n’est habituellement pas d’une grande gravité. Toutefois, qui a envie de voir ses vacances ou même sa journée gâchée par la désagréable expérience de diarrhée, vomissements, maux de ventre ?

Les vacances, oui, c’est la période des loisirs, des découvertes, des aventures. Mais, c’est aussi le moment de redoubler de vigilance, de faire attention, grande attention à ce que l’on mange !

Smith SAJOUS

. Village Santé