Pourquoi parler de soins post-abortifs dans un pays où l’avortement est interdit ? Il le faut, non en vue d’en faire la promotion, loin de là ; mais parce que les statistiques sont alarmantes et traduisent une situation qui ne peut plus être ignorée. Des avortements en Haïti, oui il y en a ! Et les complications qui en découlent constituent, dans la grande majorité des cas, les signes révélateurs.

Situons rapidement le cadre de notre sujet. Un avortement est une interruption du processus de gestation qui part de la fécondation (rencontre d’un spermatozoïde avec un ovule) devant aboutir à la formation d’un œuf jusqu’au développement complet du fœtus. L’avortement peut être spontané, c’est-à-dire qu’il survient sans aucune intervention humaine. Elle peut être provoquée, conséquence d’une intervention humaine médicale (prise de médicaments) ou mécanique (utilisation d’instruments). Lorsqu’il est provoqué, on parle d’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Retenez ici que l’avortement est totalement différent de la contraception. L’avortement se réalise après la fusion du spermatozoïde et de l’ovule tandis que la contraception est un ensemble de mesure qui empêche la rencontre entre le spermatozoïde et l’ovule (les condoms par exemple).

Une interruption volontaire de grossesse médicale ou instrumentale n’est pas un geste anodin. Elle comporte des risques psychologiques et pathologiques. Des complications pathologiques nous pouvons citer certaines qui sont immédiates et d’autres qui sont tardives :

Les saignements utérins anormaux qui peuvent être très abondants et parfois mettre la vie de la patiente en danger. Ce saignement peut être une résultante de débris de tissus restés implantés dans l’utérus ou de traumatismes (déchirures-lacérations-perforation) lors du passage des instruments.

Une endométrite : c’est une inflammation des parois internes de l’utérus le plus souvent causée par une infection. Dans le contexte d’avortement, cette infection localisée à l’utérus a plus de risque de se généraliser à tout l’organisme, réalisant un vrai tableau de septicémie pouvant tuer la patiente s’il y a absence d’une prise en charge adéquate.

Parmi les complications tardives, nous pouvons citer : de forts risques de grossesses ultérieures compliquées (mauvaise position du placenta) – d’avortements spontanés dans les grossesses ultérieures – de stérilité et de survenue de cancer du col de l’utérus

L’interruption volontaire de grossesse étant un geste à ne pas prendre à la légère, elle doit être pratiquée selon des normes rigoureuses afin de réduire les risques de complications. Comment sécuriser la procédure d’IVG si elle se fait de manière clandestine ? Comment planifier des visites de suivi et de contrôle pour un geste qui n’aurait pas dû être posé ?

Nos patientes arrivent très souvent à un stade avancé de leur complication et en meurent. Ce sont des fatalités qui peuvent être évitées !

De nos jours, plus d’un cherche à combattre les tabous qui tournent autour de l’avortement, tout en sachant les bouleversements socioculturels que cela peut entrainer. Des démarches sont entamées par certains législateurs en faveur d’une dépénalisation de l’avortement en Haïti, mais elles sont jusqu’à maintenant infructueuses.

L’Association pour la Promotion de la Famille Haïtienne (PROFAMIL) veut participer activement dans la lutte contre les décès évitables autour de l’avortement en offrant à la population haïtienne des services de soins post-abortifs.

Dans chacune des 4 cliniques de la PROFAMIL, il existe une unité de prise en charge des clientes qui présentent des complications médicales et chirurgicales. La prise en charge psychologique est également incluse.

Ce service de soins post-abortifs ne légitime aucunement l’interruption volontaire des grossesses.

Haïti a le plus fort taux de décès maternels dans la Caraïbe, et les décès attribuables à l’avortement non sécurisé représentent plus de 30%. Nous pouvons réduire ce taux et sauver des vies en faisant l’éducation de nos femmes en âge de procréer et en leur offrant des services de soins standardisés.

PROFAMIL