L’épilation consiste à enlever les poils de la peau temporairement ou définitivement. Elle peut se faire à l’aide d’un rasoir, de pinces, de produits chimiques, du laser ; il existe aussi l’épilation électrique, à la cire, à la lumière pulsée et au fil. Chez la femme, l’épilation intéresse surtout le pubis, les aisselles, les jambes et parfois le visage. Chez l’homme, cette pratique devient de plus en plus courante, surtout chez les sportifs.

S’agit-il d’une tendance culturelle, religieuse, sociale, hygiénique ou cosmétique ? Toutes ces raisons sont évoquées, mais du point de vue médical, qu’en est-il réellement ? Quel est le vrai rôle des poils ?

Les poils ont avant tout un rôle de protection face à la chaleur, au froid et aux ultraviolets. Ils servent de barrière aux poussières et préviennent l’organisme en cas de pénétration d’un insecte par exemple. Les poils font également office de filtre auditif et olfactif. Les poils pubiens sont présents pour protéger la vulve des infections, des chocs et des frottements, contre les vêtements par exemple, et également lors des rapports sexuels. Une peau épilée est une peau plus sensible à la multiplication de bactéries comme des streptocoques, des staphylocoques et des virus du genre herpès. En revanche, les poils constituent une toison qui peut servir de cachette pour certains parasites comme les poux.

Le pouvoir érotique des poils serait lié non seulement à la vue, mais aussi à l’odeur. Au niveau des organes génitaux aussi bien qu’au niveau des aisselles, les poils captent les odeurs sexuelles potentiellement chargées en phéromones. La pilosité pourrait jouer un rôle primordial dans l’instauration d’une relation sexuelle en stimulant la libido.

Les poils augmentent la sensibilité et participent à la communication émotionnelle. Ils maintiennent par la sécrétion du sébum une hydratation suffisante de la peau. Lorsqu’on arrache le poil, on supprime aussi les glandes sébacées, ce qui entraîne une sécheresse de la peau qui devient plus irritable.

Pour se débarrasser des poils, plusieurs méthodes d’épilation sont utilisées, certaines plus douloureuses que d’autres avec un temps de repousse variable de poils plus durs et plus noirs. Les crèmes épilatoires sont des produits chimiques parfois irritants sur des peaux sensibles. Elles ne peuvent pas être appliquées sur toutes les parties du corps. L’épilation à la cire est une méthode efficace, mais parfois douloureuse avec un risque de brulure de la peau. Quant au rasoir, il est rapide et sans douleur, mais pour certains types de peau, il peut être responsable de l’apparition de poils incarnés. L’épilation électrique est pratique, sans douleur et rapide. La lumière pulsée et le laser donnent une épilation quasi définitive en chauffant le poil jusqu’à le détruire complètement. Ces méthodes sont cependant déconseillées aux femmes enceintes, aux enfants, aux personnes atteintes de maladies du sang, aux personnes prenant des médicaments photosensibilisants et aux peaux mates ou noires.

En Haïti, l’épilation ne se pratique pas dans toutes les classes sociales. Certaines personnes ne s’y adonnent pas en raison de leurs croyances religieuses. D’autres pensent qu’en se rasant les poils, on perd un peu de notre force physique. Pour certains, les poils jouent aussi un rôle capital dans la séduction et l’attraction sexuelle. En s’épilant, on perdrait la composante olfactive de l’érotisme. Mais aussi, compte tenu des valeurs véhiculées par les médias, plusieurs préfèrent suivre la mode en se soumettant aux dictats de nouveaux canons de beauté. Les médias renvoient la tendance à l’aseptisation du corps et prônent la peau glabre chez la femme comme norme de féminité. La peau épilée serait plus douce au toucher et dévoilerait mieux la sexualité. Paradoxalement, une nouvelle tendance au naturel avec le retour des poils fait surface dans ces mêmes médias. Et si finalement, on laissait les gens faire comme ils veulent sans se juger les uns les autres ?

Dr Shesly JEAN-LOUIS

Dermatologue