Avez-vous déjà vu une personne avec les yeux jaunes ? Avez-vous déjà entendu parler de l’hépatite, cette maladie du foie ? Peut-être pas. Une fois pour toutes, on va vous en parler.

L’hépatite est une inflammation du foie qui peut être aiguë ou chronique, d’origine infectieuse (virus) ou toxique. Mais avant d’aller plus loin, parlons un peu de cet organe qu’est le foie. Dans le langage du terroir, on désigne le foie des animaux par « foie dur » et « foie mou », lesquels correspondent aux poumons ; vous y avez probablement déjà gouté. Comme chez les animaux, le foie a une consistance ferme, et c’est l’un des plus gros organes de l’organisme. On pourrait le comparer à une grosse usine chimique dont le rôle est de transformer et de stocker les substances nutritives provenant des intestins. Après leur stockage, ils sont utilisés au fur et à mesure en fonction des besoins de l’organisme. Ainsi, il contribue à maintenir une glycémie (taux de sucre dans le sang) normale. Le foie élimine aussi certaines substances nocives comme l’alcool, les drogues et certains médicaments en les décomposant et en les rejetant via la bile au niveau de l’intestin ou vers le sang afin d’être filtrés, puis éliminés dans les urines. Voyez-vous l’importance de ce gros organe qui peut peser jusqu’à 1.5 kg ? Donc toute atteinte du foie aura des conséquences délétères sur l’organisme.

Revenons à l’hépatite, on peut les catégoriser en deux grands groupes : les hépatites virales et les hépatites non virales. Environ 90% des hépatites virales sont causées par les virus A, B, C. Mais d’autres virus comme les virus D et E peuvent aussi en être la cause.

Les hépatites non virales sont le plus souvent d’origine toxique par ingestion d’alcool, de produits toxiques (comme certaines infusions à base de feuilles que beaucoup d’entre nous utilisent lorsque nous sommes malades), d’abus de médicaments. Il existe aussi l’hépatite auto-immune, c’est lorsque notre propre système de défense, celui qui doit nous protéger contre les agressions externes, s’attaque à lui-même, dans ce cas –ci le foie.

Là probablement, vous vous demandez comment quelqu’un attrape l’hépatite virale. Eh bien, cela va dépendre du virus en question.

Les virus de l’hépatite A et E se transmettent via l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Ils se retrouvent dans les selles d’une personne infectée, et à partir de là ils peuvent contaminer l’eau, les mains d’une autre personne, la nourriture, si les conditions d’hygiène ne sont pas respectées. À noter que l’hépatite A est l’une des formes les moins graves.

Le virus de l’hépatite B, le plus fréquent et le plus mortel, se transmet lors des relations sexuelles, par les liquides biologiques et par le sang. Ce virus est 100 fois plus infectieux que celui du SIDA. Donc, les seringues contaminées peuvent facilement transmettre ce virus.

Les virus de l’hépatite C et D se transmettent surtout par contact avec du sang contaminé, et aussi lors des relations sexuelles surtout s’il y a eu contact avec du sang (menstruations, blessures des voies génitales). À date il n’existe aucun vaccin permettant de s’en prémunir.

L’hépatite toxique qu’on retrouve souvent en Haïti a pour cause l’alcool, l’automédication, l’ingestion de certaines plantes toxiques comme « lamitye » et certaines espèces de champignons non comestibles.

La plupart des patients avec hépatite ne présentent aucun symptôme. Cependant, certaines fois, ils peuvent présenter des signes non spécifiques comme la nausée, des vomissements, une fatigue et la jaunisse.

L’hépatite au début aiguë peut dans certains cas passer à la chronicité, surtout dans les cas d’hépatite B et C. Plusieurs autres complications sont possibles si l’hépatite n’est pas dépistée à temps comme la cirrhose dans laquelle le foie contient de multiples cicatrices, l’empêchant de jouer son rôle. L’hépatite peut aussi déboucher sur un cancer du foie.

Existe-t-il un traitement pour les hépatites ? Il existe des traitements pour certaines hépatites, B et C en phase chronique. Certains de ces traitements sont coûteux. Et dans les phases aiguës, le traitement aide surtout à supporter le patient. La solution demeure donc la prévention, le respect des mesures d’hygiène, la protection lors des relations sexuelles, et la mise à jour de son carnet de vaccination et de celui de son partenaire. Et le plus important : éviter l’automédication. Se mèt kò ki veye kò !!!

Dr Fritz Verly VERNET