Tout comme une voiture a besoin de carburant pour pouvoir rouler, c’est ainsi que votre corps et celui de votre enfant ont besoin d’aliments pour bien fonctionner. Et tout comme il ne faut pas mettre n’importe quel carburant dans la voiture afin de ne pas abîmer le moteur ; il est impératif de savoir quel type d’alimentation est adapté aux besoins de notre organisme et à celui de notre enfant.

Ressentir la faim est naturel, c’est l’un des signes d’alarme nous informant que notre corps a besoin d’énergie, d’aliments pour se ressourcer. Afin d’avoir une alimentation équilibrée, il est important de consommer des aliments provenant de tous les groupes chaque jour : ceux qui construisent le corps, ceux qui aident à le protéger et à lutter contre les infections, et ceux qui donnent de l’énergie à l’organisme afin de réaliser les activités quotidiennes.

Le fait de ne pas consommer suffisamment d’aliments quotidiennement, d’en consommer trop ou trop peu ou encore de ne pas varier les repas peut causer de graves conséquences sur la santé. S’il est vrai que le lait maternel suffit au nouveau-né à la naissance et dans les premiers mois de sa vie, il est une pratique en Haïti qu’il faut abolir : celle de jeter le premier lait qui sort des seins de la mère. Ce liquide d’aspect jaunâtre appelé dans notre jargon colostrum est très bénéfique pour la santé du bébé. Il renferme beaucoup de protéines et d’anticorps qui serviront à assurer la protection du bébé contre certaines infections auxquelles la mère a été exposée.

À partir de 6 mois, il est important de commencer avec la diversification – c’est-à-dire l’introduction d’autres aliments à la diète de l’enfant. Il faut souligner que selon l’OMS, il est totalement déconseillé de donner le miel, peu importe sa provenance, aux nourrissons de moins de 12 mois.

Avant de continuer de lire ces lignes, retenez ceci : la malnutrition est la première cause de décès évitables chez les enfants de moins de cinq ans !

L’expression clinique des maladies de malnutrition est fortement liée à leur chronicité. Une alimentation trop pauvre en protéines chez l’enfant peut conduire à une forme de malnutrition que l’on appelle le kwashiorkor. Dans ce cas, l’enfant a un aspect bouffi, on peut penser à tort qu’il grossit ; mais le manque de protéines dans tout l’organisme empêche à l’eau de rester dans ses vaisseaux et elle s’accumule dans les zones où les tissus sont plus lâches notamment sous la peau, créant ainsi ce que nous appelons un œdème. Il présentera d’autres signes et symptômes, comme un manque d’appétit, des cheveux qui deviennent roux, des lésions suintantes sur la peau et parfois des perlèches. Une autre forme grave de malnutrition est le marasme, dans ce cas-là, l’enfant à une carence en énergie. Vu le manque sévère d’apport en nourriture, l’organisme a tendance à consommer toutes ses réserves, d’abord les glucides, puis les lipides et les protéines. L’enfant aura un aspect très amaigri, on voit transparaître ses os à travers sa peau. Pour les enfants qui en sont atteints, leur visage a l’aspect de celui d’un vieillard.

Un autre aspect de la malnutrition, assez souvent sous-estimé, est l’obésité. Cela implique le fait d’avoir un poids trop important par rapport à son âge et à sa taille, variant d’un surpoids jusqu’à une obésité morbide. Cela se produit quand on ne prend pas vraiment le soin de contrôler son alimentation, quand on consomme trop de sucres, trop de graisses et que l’on ne fait pas assez d’exercices pour éliminer cet excès de calories. Il est important de noter que certaines pathologies d’ordre psychologique peuvent aussi se manifester sous la forme de troubles alimentaires, comme la boulimie ou l’anorexie, surtout chez les adolescents.

Les avitaminoses (manque de vitamines) ont des présentations variées, toutefois certains signes sont à surveiller chez votre enfant ; comme une photophobie, des troubles de la vision nocturne, une sécheresse des yeux pouvant traduire une carence en vitamine A. Une déficience en vitamine C peut occasionner des saignements gingivaux, des épistaxis, une perte de l’appétit, et des douleurs osseuses. Les déficits en vitamine B se traduisent par des lésions cutanées, une anémie, parfois des signes neurologiques comme des crampes ou des fourmillements dans les membres, des difficultés d’apprentissage, perte de cheveux, entre autres.

Il est important d’emmener les enfants chez le pédiatre ou au centre de santé le plus proche afin de prendre régulièrement sa taille et son poids. Ainsi on pourra déceler de façon précoce toute anomalie pouvant être liée à la croissance ou à la nutrition. Enfin, il faut toujours se rappeler qu’une alimentation journalière doit être équilibrée, saine et suffisante.

Dr Nelenda Lafleche

Village Santé