La Convention sur les Droits de l’Enfant signée par Haïti reconnaît dans son article 24 « le droit de l’enfant de jouir du meilleur état de santé possible ». Une bonne nutrition est donc indispensable à tout enfant, car celle-ci est la base du développement optimal et harmonieux de tout être humain. Elle est une « composante incontournable du développement économique, social et humain, et doit ainsi se positionner au cœur du développement durable en Haïti ». La santé doit être considérée comme un facteur de développement non seulement personnel, mais aussi collectif.

Une nutrition adéquate et une alimentation balancée assurent un développement équilibré et empêchent la malnutrition qui, au cours des 2 premières années de la vie d’un enfant, cause des dégâts irréversibles au niveau cérébral. Aux États-Unis, des chercheurs ont établi les liens existant entre une nutrition inadéquate des 1000 premiers jours et, d’une part, une mauvaise performance scolaire, et d’autre part, le taux alarmant de certaines maladies chez l’enfant. Ces recherches étonnantes font ressortir le lien entre l’allaitement maternel et le développement cérébral du bébé. C’est une nouvelle science qui mérite d’être connue !

Le lait maternel a été conçu pour permettre le développement optimal et assurer la base d’une bonne santé. Il suffit de considérer combien ce type d’alimentation fait toute la différence pour la formation du microbiome intestinal et la résistance aux microbes au fil du temps. À condition bien sûr de pratiquer l’allaitement maternel tel que recommandé, c’est-à-dire un allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois de vie, suivi d’une alimentation complémentaire adéquate et la poursuite de l’allaitement maternel pendant un certain temps encore.

Pour certains, une bonne nutrition serait accessible à tous si l’on résout les problèmes posés par le manque d’information, les tabous, le manque de connaissance de la valeur nutritive des aliments, la valorisation insuffisante des produits du terroir. Confirmer cette assertion serait fermer les yeux sur d’autres problèmes majeurs tels l’ignorance et/ou la non-application des principes d’hygiène, l’extrême pauvreté de certains ménages, la précarité du système sanitaire (insalubrité, absence d’eau potable, mauvaise gestion des déchets, absence d’installations sanitaires, etc.).

En Haïti, moins de 40% des mères pratiquent l’allaitement maternel exclusif. Pourtant, la majorité des femmes haïtiennes qui enfantent – soit plus de 95% – allaitent leur bébé. Il importe de faire découvrir combien ce produit constitue une ressource inestimable. Par son lait, la femme :

  • assure la protection du citoyen dès l’arrivée de celui-ci ;
  • participe à l’économie familiale et apporte aussi une grande contribution à l’économie nationale ;
  • protège l’environnement, car c’est un aliment qui ne produit pas de déchet ;

Il est donc indiscutable que la mère qui allaite assure la prévention pour une base solide au niveau de la santé et du développement de l’enfant. De plus, elle garantit la sécurité alimentaire pour le nourrisson en offrant un produit reconnu mondialement et sans égal pour la race humaine.

Michèle Gonzales

Éducatrice / Membre fondateur du Centre pour la Promotion de l’Allaitement Maternel (CEPAM)

Rose Mireille Exumé
Consultante en Lactation / Membre Fondateur du CEPAM