Enfant, lorsque je jouais un peu trop bruyamment, ma mère me disait : «Aly Ban m tèt mwen ». Elle réclamait son droit à la paix et à la tranquillité. Aujourd’hui, le bruit est partout. Personne n’échappe au bruit dans les rues et dans nos foyers.

Un voisin qui écoute sa musique sans retenue, un type qui vocifère à 4heures du matin : «Réveillez-vous, car le royaume des cieux est proche », des épices dans un mortier (à 5 heures du matin), une dispute de rue (devant votre barrière), les klaxons, les sirènes, les vrombissements des motos. C’est le lot de notre quotidien sonore… de quoi perdre son bon ange.

La pollution sonore peut provoquer une gêne et un stress qui perturbent l’organisme humain et peut entrainer des problèmes d’irritabilité, d’insomnie et de dépression. Le bruit augmente l’agressivité et influence négativement les qualités comme la politesse et la courtoisie. Le bruit empêche la détente, la méditation. Quelle est la dernière fois que vous aviez pu méditer sur le sens de votre vie, l’orientation que prend votre couple, les défis que doivent confronter votre famille, notre nation ? Haïtiens, surtout les citadins, le bruit nous rend dingues !

Et il n’y a pas que le bruit ! L’environnement dans lequel nous vivons nous agresse aussi à longueur de journée. Haïti ne fait pas face aux mêmes problèmes d’émission à effet de serre que les grands pays industrialisés. Mais la mauvaise gestion étatique de nos déchets pousse la population vers des solutions individuelles spontanées et néfastes pour la collectivité. Le brûlage des déchets à l’air libre est interdit à travers le monde à cause de ses conséquences médicales mais toléré en Haïti. Savez-vous que : «50 kg de déchets brûlés correspondent à l’équivalent de toxiques dégagés par 6000 km de route parcourus en voiture diesel et le triple en voiture à essence» ?

La prévalence des maladies du système respiratoire (conséquence directe de la pollution de l’air) dans les centres urbains comme Port-au-Prince et Cap-Haïtien, l’accroissement de cas de maladies liées au stress en Haïti témoignent  de ces transformations de l’environnement social et écologique qui ont des répercussions sur toute la collectivité.

La santé est, dans sa majeure partie, une responsabilité individuelle. On peut faire du sport, éviter la consommation de produits toxiques comme l’alcool, le tabac et les aliments à forte teneur chimique, avoir une alimentation équilibrée. Ce sont des comportements qui dépendent de notre volonté et de notre niveau de conscience par rapport à nos responsabilités envers notre personne. Mais nous ne sommes pas seuls. La vie communautaire apporte son lot de problèmes.

Quoi faire ? Penser aux autres dans chaque geste. Savoir que chaque action engendrera des conséquences ou des récompenses, et pour nous et pour la collectivité. Et développer de nouvelles façons d’agir, de nouveaux modes de fonctionnement pour que nos actions soient à la fois profitables à notre bien-être individuel et à celui de la communauté dans son ensemble. Nous sommes liés par le partage d’un même espace de vie, d’un même pays, d’une même planète, lions aussi nos actions pour les protéger.

Aly Acacia

Village Santé