Pour débuter cet article sur les complications de l’hypertension artérielle (HTA), je reprendrai cette phrase de l’OMS, reconnue et validée par toute la communauté médicale : « L’hypertension artérielle est un mal qui tue en silencecar, souvent, elle n’entraîne ni signe avant-coureur ni symptôme. Beaucoup de personnes ignorent qu’elles en souffrent ! »

Un sujet sur 2 serait hypertendu en Haïti avec une augmentation de l’incidence à partir de 40 ans. Dans près de 90% des cas, l’hypertension est dite essentielle et provient d’un processus de vieillissement des vaisseaux associé à une sensibilité au sel de sodium (sel de table) ; dans d’autres cas, elle peut être une hypertension secondaire (survenant avant 35 ans ou se déclarant après 60 ans), et là elle est le plus souvent due à une pathologie sous-jacente.

La survenue d’une HTA est favorisée par certains facteurs de risque comme une alimentation riche en sel de sodium – riche en graisse aussi ; le manque d’exercice, mais aussi par des facteurs héréditaires et ethniques (ethnie noire notamment).

L’hypertension artérielle est une maladie à risque cardiovasculaire, c’est-à-dire que sa présence augmente la probabilité de développer un événement cardiovasculaire : incident fatal survenant comme un coup de tonnerre dans un ciel serein et mettant en jeu le pronostic vital du sujet. Il s’agit de l’illustration d’un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) ou stroke et d’un syndrome coronarien aigu dont l’infarctus du myocarde communément appelé « crise cardiaque ».

Résumons la situation :

Une personne hypertendue est à risque de développer sans attendre un AVC (tansyon jete moun nan) avec comme séquelles le plus souvent une paralysie d’une partie du corps. Elle peut aussi sans attendre présenter une mort subite dans le tableau d’une crise cardiaque. Autre complication aiguë de l’HTA : une altération du fonctionnement des reins.

En dehors des complications aiguës, l’HTA entraine des complications chroniques aussi redoutables. Une personne hypertendue qui ne surveille pas sa tension ou qui ne la contrôle pas, voire une personne hypertendue qui ignore son statut, livre une bataille à un tueur silencieux àconsidéré comme tel par son mutisme clinique fréquent alors qu’elle affecte les organes vitaux. Le cœur : à la longue l’HTA entraine une insuffisance cardiaque. Le cerveau : des accidents vasculaires cérébraux mineurs à répétitions peuvent entrainer une démence. Les reins : Une HTA mal soignée aboutira à insuffisance rénale chronique avec parfois un recours à la dialyse (méthode d’épuration extra rénale).

Tenant compte du fait que l’HTA atteint souvent les sujets encore actifs, l’arrivée des complications dans les ménages a un impact socio-économique important qui nous pousse à faire la promotion pour la prévention, le retard de sa survenue et son contrôle pour réduire l’incidence des complications.

L’HTA n’est pas curable mais peut être contrôlée. Pour éviter les complications aiguës sus-citées et d’autres chroniques, nous formulons les recommandations suivantes :

  • Le sport
  • Diète : un régime pauvre en sel, en cube d’épices, (soit en moyenne pas plus de 2 cuillères à thé de sel de sodium par jour) ; 3 gr de sel de sodium – Alimentation riche en fruits et légumes (riche en potassium) l’abstention ou arrêt du tabac et de l’alcool
  • Éviter l’automédication, car nombreuses sont les familles d’antihypertenseurs qui sont prescrits par le médecin en fonction des particularités individuelles. Un respect de la médication et du suivi médical est impératif.

A noter que tout patient hypertendu doit bénéficier d’une évaluation cardio-vasculaire globale dont le but est de détecter d’autres anomalies biologiques qui augmenteraient les risques cardiovasculaires. Un bilan pour le dépistage du diabète/de la dyslipidémie est impératif et doit être effectué annuellement ou chaque 3 ans selon les résultats.

Dans une guerre, la partie bien informée a à moitié gagné.

Connaître l’HTA, la prévenir et la contrôler est l’affaire de tous.

 

Gérard Tailor Dalvius, MD

Interniste HUM/HRPL

Professeur Physiologie /Sémiologie Rénale ULUM

Assistant-professeur Thérapeutique FMP/UEH