Le lymphome désigne un cancer du système lymphatique, c’est-à-dire un cancer qui se développe aux dépens des cellules de défense même de l’organisme.

Pour mieux comprendre cette maladie, faisons un petit rappel du système lymphatique. Celui-ci fait partie du système de défense de l’organisme appelé système immunitaire. Nous pouvons imaginer le système de défense comme une armée composée de plusieurs groupes spécialisés. Toutes les cellules du système immunitaire ont un organe en commun: la moelle osseuse. Cependant, dans le groupe des cellules lymphatiques, elles forment un système qui regroupe les ganglions lymphatiques (petite masse ressentie parfois au niveau du cou, sous les aisselles ou au niveau de l’aine quand on est malade), la rate, le foie, le thymus… Le système lymphatique a son propre système circulatoire comme pour la circulation du sang, et c’est à travers ce circuit que circule la grande majorité des cellules lymphatiques. On parlera de lymphomes lorsque les cellules lymphatiques se multiplieront de manière incontrôlée réalisant un tableau de cancer.

Il faut souligner qu’on distingue de nombreux types de lymphomes, tous regroupés en deux grandes familles : le lymphome hodgkinien et le lymphome non hodgkinien.

Jusqu’ici, les causes exactes des lymphomes ne sont pas connues. Toutefois, certains facteurs de risque ont été incriminés dans la survenue des lymphomes à savoir : les personnes dont le système immunitaire est déjà affaibli, les pesticides, certains produits de conservation de bois, les aliments riches en graisse, certains virus tels l’Epstein- Barr, l’hépatite C ou la bactérie Helicobacter pylori …

À noter que ce n’est pas une maladie contagieuse ni héréditaire, mais une maladie acquise. Elle peut atteindre indistinctement les hommes, les femmes, les enfants, les adolescents et les adultes ; tous peuvent être concernés.

Le diagnostic clinique de cette maladie est très polymorphe. Autrement dit, il n’y a pas de signes ou symptômes spécifiques à cette maladie. Les lymphomes peuvent survenir à tout âge. Les patients qui en souffrent peuvent présenter un gonflement des ganglions du cou, des aisselles, de l’aine… mais non douloureux. Ils peuvent également présenter une fièvre prolongée, une fatigue, une perte de poids inexpliquée, une perte de l’appétit, des sueurs nocturnes abondantes les poussant à se changer …

Le diagnostic sera fait grâce à la biopsie, c’est-à-dire le prélèvement d’un ganglion pour analyse au microscope avec mise en évidence des cellules caractéristiques.

Les lymphomes font partie du grand lot des maladies sous-diagnostiquées en Haïti. À tort, nos malades essayent de l’expliquer par des arguments surnaturels (Se manje yap manje moun nan) alors que, fort souvent, ce phénomène est imputable au manque d’accès aux soins de santé, avec un système qui compte 6.3 personnels de santé (médecins, infirmières et sages- femmes) pour 10 000 habitants selon le rapport de 2017 de la direction des ressources humaines du Ministère de la Santé publique et de la Population. Même lorsque les lymphomes sont suspectés, leur diagnostic n’est pas toujours facile, car les laboratoires spécialisés pour fournir ce genre de résultats ne sont pas nombreux.

Peut-on traiter les lymphomes ?

Les lymphomes sont des tumeurs malignes des cellules lymphoïdes, ils sont donc des CANCERS et la question qui revient toujours est : « Alors, les lymphomes sont-ils curables ? »

La guérison des lymphomes dépend: de leur type, de leur stade, de l’état général du malade, de la présence ou non d’autres maladies sous-jacentes, et surtout de la disponibilité des outils de traitement à savoir des médicaments spécifiques (la chimiothérapie) et d’autres techniques comme la radiothérapie et l’immunothérapie.

Les facteurs énoncés plus haut sont des facteurs pronostiques qui nous permettent d’apprécier la gravité de la situation, de considérer les réponses au traitement et, à partir d’un référentiel basé sur d’autres personnes atteintes, d’estimer sur une base temporelle la survie du patient.

Les lymphomes sont étudiés au laboratoire avec des microscopes à partir d’un prélèvement d’un des tissus, c’est-à-dire un morceau du corps malade. Les résultats de laboratoire préciseront de quel type de lymphomes il s’agit, et déjà à partir du type nous savons que certains ont un très mauvais pronostic et d’autres en ont un meilleur.

Les maladies cancéreuses représentent TOUJOURS un CHALLENGE THÉRAPEUTIQUE. Nous devons donc retenir qu’il sera toujours plus facile de gérer, voire de traiter la maladie lorsqu’elle est diagnostiquée tôt. Malheureusement, certaines formes de lymphomes sont presque silencieuses. Cela nous renvoie encore une fois à l’importance des visites de routine chez le médecin même si vous vous sentez en pleine forme. C’est pour cela qu’il est urgent de travailler pour renforcer l’éducation médicale de la population : tout malaise doit faire l’objet d’une visite chez le médecin. Nous devons aussi lutter contre les cancers qui représentent un secteur vierge et nécessiteux dans la pratique médicale haïtienne.

Dr Anne-Rose MIGUEL

Village Santé