Les statistiques mondiales font un constat accablant de la situation d’oppression à laquelle les femmes sont soumises sous toutes les latitudes. En effet, selon les statistiques des Nations Unis, une femme sur trois a déjà été victime de violences dans le monde, et 86% des viols ou tentatives de viol sont perpétrés par des proches. Selon les données de la Banque mondiale, le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans, que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis. On estime que, dans le monde entier, une femme sur cinq sera victime de viol ou de tentative de viol au cours de sa vie.

Haïti n’échappe pas à cette réalité. En 1996, selon le Centre Haïtien de Recherches et d’Actions pour la Promotion Féminine : 70% des femmes haïtiennes avaient vécu des situations de violence sous différentes formes, y compris, sexuelle, psychologique, sociale, ou politique ; 27% des femmes haïtiennes avaient subi des violences physiques à un moment quelconque ; et enfin, 32% des femmes déclaraient que l’auteur était le mari ou le partenaire.

Regardons de plus près ces chiffres : 70% de femmes victimes de violences. Cela implique qu’il est plus probable de rencontrer une femme victime que d’en rencontrer une qui ne l’est pas. Une femme sur trois implique au moins une victime par famille s’il y a trois femmes chez vous.

Quand on entend violences faites aux femmes et filles, nous avons tendance à visualiser une femme battue ou un viol. Pour une femme sur trois, c’est le cas. Pour quatre autres femmes sur dix, il y a les violences psychologique, sociale, politique. De quoi s’agit-il ? Il s’agit :

  • des « limites » imposées au travail qui font qu’une femme doit être deux fois plus qualifiée qu’un homme pour obtenir le même poste, et le même salaire.
  • Des agressions verbales qui dénigrent les femmes, atteignent l’estime de soi des filles, et empêchent leur épanouissement personnel.
  • Les « mœurs » culturelles qui font que la plupart des femmes n’ont pas accès aux mêmes opportunités que les hommes, « la place d’une femme » étant limitée aux taches de servitude ou de commerce.
  • Le manque d’accès à la santé.
  • Le manque de liberté pour être décisionnaire sur sa santé reproductive. 

OBR Ayiti, c’est quoi ?

OBR Ayiti est la branche nationale d’un mouvement international. En effet, One Billion Rising est un mouvement global initié par Eve Ensler (auteure de la pièce Les Monologues du Vagin) pour mettre une fin au viol et aux abus sexuels contre les femmes. Étant indignée par les statistiques des Nations Unis selon lesquelles une femme sur trois sera violée ou battue dans sa vie, Mme Ensler a conçu une activité internationale et symbolique pour encourager les femmes à dire « Non ! ». Une femme sur trois, représentant un milliard de femmes, elle a appelé le mouvement « One Billion Rising » ou, traduit littéralement : Soulèvement d’un milliard. Une chanson fut écrite et une danse créée, puis diffusée à travers le monde. L’objectif étant qu’un milliard de femmes dans différents pays, de différents milieux et cultures, s’unissent en faisant cette danse symbolique en même temps, le 14 février, jour de la fête de l’amour.

Ayant espéré un milliard de femmes, Eve Ensler fut ravie d’apprendre que trois milliards de femmes, hommes et enfants dans 160 pays avaient participé à la première édition en 2012. C’est ainsi que OBR est né. En 2013, 207 pays ont participé. En octobre 2015, un groupe de citoyens et citoyennes engagés a créé « ONE BILLION RISING – HAÏTI ». L’objectif est d’assurer la participation d’Haïti dans ce grand mouvement mondial.

Alors que se passe-t-il le jour d’OBR ?

Chaque pays participe à sa façon : danses, chants, théâtre, concours de poésie ou sous forme de conférences, séminaires sur l’impact de la violence faite aux femmes. C’est également l’occasion de se mobiliser pour le support des victimes et leur accès aux ressources disponibles.

Au Bangladesh, en 2014, l’accent a été mis sur les droits des femmes travaillant dans les usines. En Inde 100,000 travailleurs de pousse-pousse ont reçu une formation sur l’équité du genre. Au Pérou, les sites de construction ont été déclarés zones libres de harcèlement sexuel. Aux Philippines, les autorités ont été poussées à protéger des jeunes filles qui étaient menacées de devenir des travailleuses sexuelles.

 

Monique Manigat

Psycho-Thérapeute et Responsable de One Billion Rising-Haiti